
Iran : où en est le mouvement de contestation cinq mois plus tard?
Radio-Canada
Il y a cinq mois jour pour jour, Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée en détention à Téhéran trois jours après son arrestation par la police des mœurs pour port « inapproprié » du voile islamique, ce qui a déclenché un mouvement de protestation inédit dans tout le pays.
Les manifestations, qui visaient d'abord à dénoncer les agissements de la police, se sont très vite transformées en protestations contre le régime des mollahs, au pouvoir depuis 44 ans.
Les images de femmes brûlant leur voile ou se coupant les cheveux en pleine rue sous le slogan phare Femme, vie, liberté ont fait le tour du monde, marquant le début de ce mouvement qui a gagné aussi bien les grandes villes du pays, comme Téhéran, que les coins plus éloignés.
Ont ensuite retenti les cris de Mort au dictateur! en référence au guide suprême Ali Khamenei, qui détient le véritable pouvoir dans la République islamique d’Iran.
Aujourd’hui, les observateurs notent que les manifestations dans les rues ont faibli en intensité, mais tous les experts interrogés par Radio-Canada assurent que ce mouvement n’est pas mort pour autant. Ils affirment que l’opposition, notamment à l’étranger, s’organise pour la suite des choses.
Le mouvement révolutionnaire se trouve dans une impasse, explique Ali Fathollah-Nejad, expert de l'Iran à l'Institut Issam Fares pour les politiques publiques et les affaires internationales de l'Université américaine de Beyrouth. Ni le régime ni les manifestants ne parviennent à avoir le dessus pour le moment.
Cet hiver, le nombre de manifestations dans les rues a nettement chuté, à l'exception de manifestations organisées après la prière du vendredi dans la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est du pays, précise-t-il. Selon lui, deux explications sont possibles : le froid hivernal et la répression brutale des autorités contre les manifestants.
L'hiver en Iran est réputé pour être particulièrement rude avec des températures glaciales qui descendent souvent au-dessous de zéro. La répression s'est elle aussi avérée particulièrement rude avec plus de 500 manifestants tués en cinq mois, selon le groupe de défense des droits de la personne HRANA, basé aux États-Unis.
L'ONU a également dénombré 14 000 arrestations depuis le début du mouvement et, selon l'ONG norvégienne Iran Human Rights, au moins 109 personnes risquent d'être exécutées en rapport avec les manifestations, en plus des quatre qui ont déjà été pendues.