Interprètes afghans : « Pour moi, tu ne peux pas laisser un frère derrière toi »
Radio-Canada
Un an après la chute de Kaboul aux mains des talibans, des milliers d'Afghans qui ont travaillé de près ou de loin avec le gouvernement canadien lors de la mission militaire là-bas tentent toujours d’obtenir de l’aide pour fuir le pays.
Des voix s'élèvent pour que le gouvernement en fasse davantage et rapidement pour venir en aide à ces Afghans qui ont mis leur vie en danger pour aider les militaires canadiens.
Tyson Martin fait partie de ceux qui s’impatientent. L’ancien militaire a été envoyé en Afghanistan en 2010.
Hakim Azizi s’est joint à son unité à titre d’interprète pour participer aux patrouilles des militaires canadiens. L'été dernier, lorsque les tensions se sont intensifiées, Tyson Martin savait que l’interprète allait devenir une cible pour les talibans. Il a remué ciel et terre pour s'assurer qu'il puisse avoir son visa et fuir Kaboul.
Hakim se cachait chez son oncle, en attendant d’avoir une occasion d’aller à l’aéroport. Mais ça changeait tellement vite sur le terrain qu’éventuellement, je lui ai dit : "Va à l’aéroport, frappe à la porte et espérons que ça fonctionne", raconte l'ancien commandant.
Après trois tentatives, l'interprète et sa conjointe ont finalement pu embarquer dans le dernier vol canadien à quitter Kaboul. Mais tous n’ont pas eu cette chance. Il y a un autre interprète que nous avons eu avec nous pendant une très courte période. Nous sommes en contact avec lui, mais il est dans un camp de réfugiés à Islamabad avec ses cinq enfants depuis plus d'un an maintenant, souligne Tyson Martin.
« Je ne peux pas comprendre qu’on puisse penser comme ça. Pour moi, tu ne peux pas laisser un frère derrière toi. »
Le Canada s'était engagé à accueillir 40 000 Afghans, mais estime que cela pourrait prendre encore deux ans. Pour l’instant, 17 375 d'entre eux sont arrivés, dont 10 045 dans le cadre d'un programme humanitaire et un peu plus de 7300 dans un programme réservé aux Afghans qui ont aidé le Canada.
L’ancien ambassadeur canadien en Afghanistan Chris Alexander estime que le Canada a le devoir d'en faire plus. On n'était pas rigoureux dans notre politique régionale pour prévenir le retour des talibans. Tous les pays qui ont participé à cette mission devraient assumer leur part de responsabilité, tranche-t-il.