
Inondations : Baie-Saint-Paul battue de vitesse par les éléments
Radio-Canada
La Ville de Baie-Saint-Paul avait vu venir les conséquences d'une éventuelle saute d'humeur de la rivière du Gouffre dans son centre-ville, alors que trois phases de travaux étaient projetées ou en analyse pour protéger ses berges et ses infrastructures contre les inondations. En plus de déjouer les pronostics, les éléments l'auront aussi battue de vitesse.
Comme ailleurs en province, Baie-Saint-Paul a récemment pris acte du nouveau Plan de protection du territoire face aux inondations, adopté par le gouvernement du Québec en avril 2020.
Ce vaste chantier, mis sur pied après les crues historiques de 2017 et de 2019, prévoit des enveloppes pour aider les municipalités riveraines à se prémunir contre les inondations. Ces programmes servent notamment à financer la construction et la mise à niveau d'ouvrages de protection ou de mitigation, permettant de réduire la rigueur des débordements.
À Baie-Saint-Paul, la Ville avait prévu renforcer ses défenses contre les humeurs de la rivière du Gouffre, à la hauteur du pont de la route 362, situé au cœur de la municipalité. Parmi les différents lieux où le malheur a frappé le 1er mai dans Charlevoix, le cours d'eau est précisément sorti de son lit à cet endroit, inondant tout un quartier résidentiel.
Selon des informations fournies par le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation (MAMH), le projet de Baie-Saint-Paul consistait dans un premier temps à la reconstruction et au rehaussement d’un ouvrage existant sur la rivière du Gouffre du côté Ouest.
Cette première phase, évaluée à 12 millions de dollars, devait permettre la mise à niveau d'un muret le long de la rue Saint-Jean-Baptiste, artère commerciale prisée des touristes pour ses boutiques et ses restaurants. La demande d'aide financière au MAMH, pour un montant de 9 millions de dollars, a cependant été refusée le 30 mars dernier.
Le refus s'explique par le fait que la demande de Baie-Saint-Paul a été jugée non admissible en vertu des normes du Programme de résilience et d’adaptation face aux inondations. Selon le Ministère, le financement demandé concernait un ouvrage de contrôle de l’érosion plutôt qu’un ouvrage de protection contre les inondations.
En clair, les projets de stabilisation mécanique ayant comme objectif de freiner l’érosion d’une rive sont considérés comme un frein à la dynamique naturelle des cours d'eau, et donc exclus.
Dans sa nouvelle vision de protection du territoire, le gouvernement souhaite redonner un espace de liberté aux rivières plutôt que de les contraindre, espérant ralentir la crue et favoriser un écoulement plus naturel des eaux vers des zones davantage perméables.