
Ingrid St-Pierre lance Ludmilla, un premier album instrumental
Radio-Canada
Bien qu’elle ne chante pas un mot, Ingrid St-Pierre se livre comme rarement auparavant dans Ludmilla, son cinquième opus. Pour en composer les morceaux, la musicienne s’est basée sur des récits très personnels de sa vie.
Ludmilla est un album qui fait grandement écho à l’enfance d’Ingrid St-Pierre. Le titre fait d’ailleurs référence à une poupée de chiffon représentant une ballerine, qui se trouvait dans la maison de sa grand-mère à l’époque, dans la chambre bleue au deuxième étage.
Le nom de la poupée, Lumina, était un clin d'œil à Ludmilla Chiriaeff, danseuse et chorégraphe d’origine lettonne qui a fondé en 1952 l'École de ballet Chiriaeff à Montréal, l’ancêtre des Grands Ballets.
Cette ballerine-là, c’est sur elle que s’ancrent tous mes souvenirs. Je me ramène à cette chambre bleue continuellement. C’est un peu l’estampille, l'emblème de mon enfance, explique la musicienne.
Dans un exemple de synchronicité un peu déroutant, Ludmilla Chiriaeff a été désignée comme personnage historique du Québec par le gouvernement mardi dernier, moins d’une semaine avant la sortie de l’album d’Ingrid St-Pierre.
Si Ingrid St-Pierre a choisi de ne pas mettre de paroles sur les 10 titres de Ludmilla, ce n’est pas parce qu’elle n’avait rien à dire. En fait, j’avais trop à raconter, alors j’ai mis en musique mes histoires. C’est comme de la musique à l’image, mais sans l’image, parce que l’image était dans ma tête, explique-t-elle.
J’avais l’intention de me taire, mais finalement je ne me tais pas du tout, parce que je me livre pas mal plus que ce que je pensais. Je vais vraiment dans des récits de ma vie qui sont très personnels, il y a une certaine impudeur là-dedans.
Bien que les pièces soient instrumentales, la voix humaine n’est pas complètement évacuée de l’album. Sur la pièce Hát ru cho Namiko ngủ, une chanson pour Namiko, la fille d’Ingrid et de l’acteur et musicien Liu-Kong Ha, on peut entendre les mots de la grand-mère de ce dernier. Il y a également un enchevêtrement sublime des voix sur la pièce Petite chorale.
Sur le plan musical, la plupart des pièces sont menées par le doux piano de la musicienne, mais on entend aussi des instruments surprenants, comme l’harmonium indien et le banjo sur Dire au revoir. Il y a quelque chose de très ludique dans le banjo, qui n’avait pas tant rapport avec cette mélancolie-là. Je trouve que ça sert la chanson, parce que, justement, il y a quelque chose de l’anti-casting, explique Ingrid St-Pierre.