Industrie télévisuelle : « On s’en va dans le mur »
Radio-Canada
L'industrie de la télévision et, à plus grande échelle, celle de l'audiovisuel dans son ensemble sont-elles entrées en surchauffe? Avec des budgets réduits, des scénaristes en grève aux États-Unis et une demande toujours plus forte pour du contenu, c'est tout le milieu, et pas seulement celui du Québec, qui « s'en va dans un mur », juge une experte.
En apparence, cette situation ne s'explique pas par ce qui est affiché sur le petit écran – ou sur l'écran des tablettes, des ordinateurs, des téléphones, etc.
Jamais, en effet, n'a-t-on eu accès à autant de contenus, qu'il s'agisse des chaînes de télévision traditionnelles ou encore un des (très nombreux) services de diffusion en ligne.
La plus récente édition de l'étude NETendances, de l'Académie de la transformation numérique de l'Université Laval, vient d'ailleurs confirmer ce constat : 40 % des adultes ayant participé aux recherches ont indiqué que leur temps passé devant les écrans avait augmenté au cours de la dernière année, une proportion qui passe à 47 % si la personne interrogée est abonnée à un service de diffusion en ligne.
Et ces adultes abonnés à Netflix, à Amazon Prime, à Disney+ et autres forment plus des deux tiers des participants aux travaux de cette organisation universitaire : 68 % disent débourser un montant, chaque mois, pour accéder à ces contenus en ligne, soit une progression, dit-on, de 15 points de pourcentage depuis 2019.
De leur côté, le nombre d'adultes qui payent encore pour la télévision câblée est en forte baisse : ils ne sont plus que 65 % au Québec, affirment les auteurs de l'étude, soit un recul de 12 points.
Sans aucune surprise, la pandémie de COVID-19, avec ses confinements successifs et ses longues périodes passées à l'intérieur, a poussé l'individu moyen à se tourner vers la télévision pour passer le temps.
Toutefois, cet intérêt pour les téléséries ne date pas d'hier, explique Stéfany Boisvert, professeure à l'École des médias de l'Université du Québec à Montréal.
Depuis le tournant des années 2000, on constate un accroissement de l’intérêt pour les séries télé, rappelle ainsi cette spécialiste lors d'un entretien téléphonique.