Industrie forestière : Mackenzie constate la fin des années fastes dans l’Ouest
Radio-Canada
Depuis 2005, près d'une cinquantaine de scieries et de papetières ont fermé leurs portes en Colombie-Britannique. Il en est résulté la perte de 50 000 emplois directs, soit près de la moitié de la main-d'oeuvre dans l'industrie forestière de la côte ouest. Un déclin que certains comparent à la quasi-extinction des stocks de morue en Atlantique, au début des années 1990.
Il faudra 50 ans avant que les forêts de l'intérieur de la Colombie-Britannique ne retrouvent leur abondance des 15 dernières années. Certaines municipalités se réinventent et se diversifient, tandis que d'autres veulent changer leur stratégie forestière.
À l'entrée du village, à 1000 kilomètres au nord de Vancouver, un énorme rouleau compresseur jaune de 175 tonnes accueille les visiteurs. Le plus grand concasseur d'arbres du monde, dit l'affiche qui aide à deviner ce qui a fait tourner l'économie de Mackenzie depuis sa création, en 1966. Des années fastes pour la municipalité de 5000 résidents.
Une époque dont se souvient avec nostalgie Vander Linden, 66 ans, qui a travaillé plus de 40 ans dans l'industrie. Mackenzie est une petite ville parfaite. Mais ce n'est plus ce que c'était, dit-il. On a tout sauf des emplois. Si jamais la scierie Conifex ferme ses portes, Dieu sait ce qui va nous arriver. C'est la dernière entreprise forestière qui reste dans le coin.
La scierie Canfor a d'abord fermé ses portes en 2019. La papetière Paper Excellence a plié bagage cinq mois plus tard. Voilà que la scierie Conifex vient de suspendre ses activités pour un mois. Des fermetures qui causent l'exode de 1500 résidents.
Mais si certains ont espoir que Mackenzie deviendra un centre de ski et de vélo de montagne, d'autres, comme Jenna, ne voient pas d'issue à cette situation. C'est très dur. Oui, il y a la mine d'or et de cuivre, au nord, mais mon mari n'a jamais réussi à y travailler. On a pris plusieurs claques depuis quatre ans. C'est dur de garder espoir. Ça fait longtemps que ça dure et ça fait mal, décrit-elle.
Mais ce qui fait l'effet d'un dernier coup de poing au ventre, c'est le passage dans le village de longs camions chargés de larges billots fraîchement abattus dans la région, transportés ailleurs, vers le sud, pour y être transformés. Une insulte pour les travailleurs de Mackenzie, se désole Vander Linden.
C'est encore un point très sensible pour beaucoup de gens ici, souligne-t-il. Depuis les années 1980, on avait les arbres et les scieries. On a toujours beaucoup d'arbres, mais ils ne sont plus transformés dans la région. C'est ce qui est arrivé ici avec Canfor. Ils ont transporté tous les arbres récoltés ici pour les transformer au sud, à Bear Lake, et ils ont fermé la scierie. C'est ça qui a tué Mackenzie. Ils ont aussi fermé la scierie à Chetwynd.
« C'est arrivé à toutes ces petites villes dans le nord. Les billots vont partout, sauf ici. »