
Inconduites sexuelles : un major général controversé nommé à un poste-clé
Radio-Canada
D'ex-soldats et victimes d'agressions dénoncent vivement la nomination du major général Peter Dawe pour réviser les recommandations de différentes enquêtes indépendantes sur les abus et les inconduites sexuelles dans les Forces armées canadiennes, notamment celle menée par l’ancienne juge en chef de la Cour suprême Louise Arbour.
Mes sentiments vont de la confusion à la surprise, en passant par le choc, a commenté Annalise Schamuhn, une ancienne membre des Forces armées.
Ce que les personnes qui souffrent vraiment, qui ont pratiquement perdu toute confiance en l'armée, peuvent potentiellement voir en cette nomination, c'est l'armée qui fait la sourde oreille.
Si le major général Dawe n'a pas lui-même fait l'objet d'allégations d'inconduites, il est toutefois accusé d'aveuglement pour avoir soutenu un soldat reconnu coupable d'agression sexuelle en 2017. Il avait en fait écrit une lettre de recommandation positive pour le major Jonathan Hamilton, coupable d'avoir agressé Mme Schamuhn.
En mai dernier, le major général Dawe a perdu son poste de commandant des Forces d'opérations spéciales canadiennes et a été mis en congé payé en raison de cette affaire.
Les critiques formulées par Annalise Schamuhn quant à sa nouvelle nomination sont partagées notamment par Leah West, elle aussi victime d'agression pendant ses 10 années au sein de l'armée. Mme West s'est dite surprise par la nomination du major général Peter Dawe.
L'assigner à un tel poste sans fournir aucune explication ou déclaration de sa part sur le travail qu'il a pu faire pour comprendre et surmonter ses angles morts sur la question des agressions sexuelles, c'est faire la sourde oreille, a dénoncé Mme West, qui est aujourd'hui professeure adjointe, experte des questions de droit et de sécurité nationale, à l'Université Carleton, à Ottawa.