Immigration Canada « conscient d’un risque de discrimination »
Radio-Canada
« Le ministère est conscient du risque de discrimination ou de biais dans le système de l'intelligence artificielle. »
Cette surprenante déclaration a été faite jeudi par la sous-ministre adjointe principale d'Immigration Canada, Marian Campbell Jarvis, devant le Comité permanent de l'immigration et de la citoyenneté.
Depuis le début du mois, ce dernier a décidé de se pencher sur le refus massif de permis d'études visant les étudiants africains francophones. Ces taux de rejet, comme l'indiquait Radio-Canada l'automne dernier, ont grimpé en 2020 à plus de 80 % dans certains pays, comme le Cameroun, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, le Bénin, l’Algérie, la République démocratique du Congo ou le Togo.
Ces demandes sont traitées à travers un système informatique intitulé Chinook, mis en place dès 2018, qui a été dénoncé par plusieurs experts en raison de son opacité.
Jusqu'alors, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) avait toujours nié un problème, en assurant traiter équitablement chaque dossier. Le premier ministre Justin Trudeau avait néanmoins avoué être inquiet par ces données.
Interrogée par le député du Bloc québécois Alexis Brunelle-Duceppe, la sous-ministre Marian Campbell Jarvis a même assuré être à l'aise avec les risques pris par Immigration Canada, avec Chinook, avant de nuancer son discours quelques minutes plus tard. Nous ne sommes pas à l'aise avec la discrimination, a-t-elle précisé.
L'utilisation de ce système informatique a également été défendue par un autre sous-ministre adjoint, Daniel Mills. Chinook ne prend pas de décision, a-t-il juré.
« Toutes les décisions sont prises par nos officiers qui sont hautement qualifiés. »
Ce haut fonctionnaire a défendu les justifications envoyées par des agents d'immigration. Celles-ci sont multiples. Souvent, un agent fédéral mentionne ne pas être convaincu que [l’étudiant quittera] le Canada à la fin de [son] séjour. La demande peut être aussi refusée en raison des voyages antérieurs ou des liens familiaux au Canada.