Il y a quelque chose d’indécent dans le transport scolaire
TVA Nouvelles
Dans le transport scolaire, ça fait plus de 20 ans que les chauffeurs se battent pour obtenir des salaires décents. Ils subissent des horaires coupés, jusqu’à 72 élèves derrière leur siège, de grandes responsabilités dans un emploi multitâche et de plus en plus de violence et de comportements difficiles à gérer.
Ajoutons un salaire qui n’est vraiment pas à la hauteur du travail exigé.
Dès 2020, les bas salaires du secteur ont causé des problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre. Il y avait déjà de nombreux bris de service, certains enfants restaient sur les coins de rue et la pénurie de main-d’œuvre n’a qu’aggravé la situation.
À l’automne 2022, à la suite de négociations avec les transporteurs, le gouvernement se décide enfin à bonifier de 15 à 30 % la valeur de chaque route, de chaque contrat que les centres de services scolaires signent avec les transporteurs privés. La CSN, qui demandait des budgets spécifiques pour les salaires depuis des lunes, a bien entendu appuyé ces revendications des transporteurs.
Mais aucun budget spécifique ne fut prévu, avec les conséquences que nous connaissons aujourd’hui. Pour nous, la job a clairement été faite à moitié.
Après l’octroi de ces sommes et dès les premières négociations des syndiqués affiliés à la CSN, nous avons fait face à des employeurs qui ne voulaient pas remettre – même une partie – de ce nouvel argent, question de gonfler davantage leurs profits. Les membres sont donc partis en croisade pour aller chercher leur juste part avec les conséquences suivantes : à ce jour, sur 32 négociations dans autant de syndicats du secteur, 30 se sont dotés d’un mandat de grève et 19 l’ont exercé, provoquant les répercussions que nous connaissons sur les bris de service.
Alors que nous réglons plus de 95 % de nos négociations sans avoir recours à la grève, ici, près de 60 % des syndicats ont déclenché un arrêt de travail.
Rappelons qu’en février 2023 et une seconde fois le 3 mai dernier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a lui-même déclaré sur la place publique que les chauffeuses et chauffeurs [devaient] avoir leur juste part. Mais pourquoi ne pas avoir prévu de règles budgétaires afin que l’argent se rende dans les poches des travailleurs ? La conséquence est claire : les salariés du secteur doivent recourir à la grève pour aller chercher leur dû.
Penchons-nous sur Transport scolaire Sogesco, qui possède une trentaine d’entreprises dans le secteur au Québec. Précisons que tous les syndicats de la CSN négociant avec eux ont recours à la grève, que l’entreprise offre parmi les moins bons salaires et que près de 50 % des jours de grève ont été exercés chez Sogesco.