Il y a 95 ans, Lindbergh atterrissait en héros sur les plaines d’Abraham
Radio-Canada
Le 24 avril 1928, Charles Lindbergh, le pilote le plus célèbre du 20e siècle, se posait sur les plaines d’Abraham sous les yeux d’une foule euphorique. Malgré un accueil triomphal, son passage éclair dans la capitale s’effectuait dans un contexte particulièrement dramatique.
Difficile d’imaginer aujourd’hui la popularité dont jouissaient les aviateurs au début du 20e siècle. L’aviation, encore toute neuve, était en plein essor, mais les avions restaient rudimentaires. Les pilotes, sans cesse en quête de nouveaux exploits, étaient constamment exposés au danger et se comportaient souvent comme de véritables trompe-la-mort.
C’est ainsi qu’en 1927, Lindbergh était devenu immensément célèbre en bouclant, à 25 ans à peine, le premier vol transatlantique de l’histoire, en solo et sans escale, entre New York et Paris. Au moment de sa venue à Québec, il était aussi connu que le pape.
Durant toute la journée du 24 avril 1928, alors que la neige n’avait cessé de tomber, des milliers de personnes s’étaient regroupées avec fébrilité autour du vaste cercle du terrain des sports des plaines d’Abraham, un site d’atterrissage prisé des pilotes, à l’époque.
Aux premières lueurs du soir, tous les réverbères du site s’étaient illuminés d’un coup, guidant le pilote au cœur d’un grand cercle de lumière.
Malgré son arrivée spectaculaire devant une foule en liesse, Lindbergh n’était pas là pour s’amuser. Il était à Québec pour sauver un ami. Depuis deux jours, le pilote Floyd Bennett, un autre as de l’aviation américaine, luttait pour sa vie au Jeffery Hale, où il avait été hospitalisé d’urgence pour soigner une double pneumonie.
Lindbergh avait été chargé d’amener avec lui plusieurs fioles d’un sérum, dans l’espoir de le remettre sur pied. Un médecin de l’Institut Rockefeller, le Dr Applegate, avait fait la route avec lui, ainsi que trois souris de laboratoire, qui devaient permettre d’identifier le type exact de pneumonie dont souffrait le malade.
Encore aujourd’hui, l’exploit de Lindbergh demeure impressionnant, souligne l’historien Pierre Lahoud, grand amateur d’aviation.
« Il part à 15 h de New York, il sait que les conditions sont mauvaises, il vole à l’air libre dans la pluie et la neige, on a mis des skis sur son avion pour qu’il puisse atterrir dans la neige… as-tu idée comme il a dû geler? C’est là qu’on voit toute la force de son amitié. Et toute sa force de caractère. »