Il y a 50 ans, David Bowie décollait vers la stratosphère avec Ziggy Stardust
Radio-Canada
Au-delà des succès comme Five Years et Starman, l'album Ziggy Stardust, sorti il y a 50 ans, a permis à David Bowie de décoller en se créant un double, jalon décisif de cet artiste caméléon.
Jusqu'ici, il échoue dans tout ce qu'il entreprend depuis le début de sa carrière, raconte à l'AFP Jérôme Soligny, auteur de David Bowie Rainbowman, ouvrage-référence paru en deux tomes chez Gallimard et objet de rééditions ainsi que de traductions internationales.
Space Oddity (sur l'album du même nom, sorti en 1969) n'est qu'un tube éphémère, passé plus tard à la postérité, tout comme Changes sur l'album Hunky Dory (1971).
Et voilà que l'Anglais sort en 1972 un disque au titre à rallonge et au parfum d'univers singulier : The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars.
Le morceau Moonage Daydream est une carte de visite cryptique de son double, Ziggy Stardust : Je suis un alligator [...] je suis l'envahisseur de l'espace, y chante David Bowie.
Pour brouiller un peu plus les cartes, Bowie suggère sa bisexualité en lâchant dans la presse musicale qu'il est homosexuel, alors qu'il vit avec femme et enfant. Le chanteur fréquente des lieux de nuit associés à la culture gaie, sans l'être fondamentalement lui-même, il en aime l'imagerie, précise Soligny.
La stratégie fonctionne. Les médias s'intéressent à lui, sans parvenir à le cerner, entretenant son aura mystérieuse. À la télévision, l'intervieweur est engoncé dans un costume gris, lui paraît cheveux teints en rouge, tenue à paillettes. L'un est en noir et blanc, l'autre en couleurs. Bowie devient le symbole de modernité, du monde d'après.
L'artiste s'impose dans les médias comme une vedette alors qu'il ne l'est pas encore. Les premiers concerts estampillés Ziggy en banlieue de Londres ne réunissent alors que 150 mélomanes, dont un tiers sont des personnes invitées.
C'est une sorte de marketing avant l'heure, c'est sa plus belle créature, qui lui a permis d'éclore, d'être autre chose qu'un secret bien gardé d'une intelligentsia rock qui s'intéresse à lui depuis un an et demi, analyse Soligny.