Il y a 10 ans s’amorçait le printemps érable à Sherbrooke
Radio-Canada
En février 2012, une mobilisation étudiante s'amorçait pour protester contre la hausse des frais de scolarité imposée par le gouvernement Charest. Au fil des semaines, le mouvement a pris de l'ampleur. Il s'est conclu quelques mois plus tard par la défaite du premier ministre lors des élections provinciales et l'annulation de cette augmentation par Pauline Marois. Dix ans plus tard, des acteurs de ce mouvement social estiment qu'ils ont réussi à accomplir leur devoir.
Julien Bilodeau, un ancien président de l'Association des étudiants de la Faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke [UdeS], a participé au printemps érable. Celui qui est aujourd'hui enseignant au Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke et entraîneur adjoint d'une équipe du Vert et or croit que cet épisode a façonné sa trajectoire professionnelle.
Je le vois tous les jours, ce que cela a permis. Quand je vois mes étudiants à l'Université, je me dis qu'ils n'ont pas à payer 1625 $ de plus. C'est de l'accessibilité, et c'était notre grand cheval de bataille, souligne-t-il.
« Pour mon emploi de tous les jours, c'est une lutte qui demeure. Je suis impliqué au niveau syndical. Je travaille très fort au niveau de l'éducation pour qu'on parle [de l'éducation] en bien et qu'on la valorise. Ça m'a ouvert les yeux sur l'importance d'une société éduquée. »
Renaud Giraldeau était président de l'Association des étudiants de la Faculté d'éducation de l'Université de SherbrookeUdeS lorsque le mouvement s'est enclenché, en février. Pour sa part, si cela n'a pas changé son parcours, son travail d'enseignant lui rappelle tous les jours que l'argent ne devrait pas être une barrière à l'éducation, particulièrement quand un élève est déjà confronté à de nombreux défis.
On ne va pas lui en rajouter et favoriser une élite qui a déjà à de la nourriture chaque matin! explique-t-il.
Les deux anciens présidents se rappellent l'effervescence de cette période, qui a mené à une véritable crise sociale.
Le processus avait [toutefois] commencé bien avant cela, en 2011, indique Renaud Giraldeau. On voyait venir cette hausse-là et on s'était préparé en étudiant les impacts que cela aurait sur les étudiants [...] Cela faisait déjà cinq ans que Jean Charest haussait les frais de scolarité de 100 $ par année et on sentait qu'une hausse plus importante répondait à son agenda néo-libéral.
La Fédération étudiante de l'Université de Sherbrooke, explique-t-il, avait ainsi analysé si une augmentation importante nuirait aux projets d'avenir des étudiants, comme l'achat d'une maison, la création d'une entreprise ou le fait de fonder une famille.