
Il sème les blessures et la mort en une beuverie
TVA Nouvelles
Clouée au lit dans d’atroces souffrances, la femme de 57 ans ne pesait plus que 70 livres à sa mort
«On en voit tellement, des accidents de la route à cause de l’alcool, que c’en est presque rendu banal pour certains. Mais ce n’est pas banal, ce que ma mère a vécu. On peut penser que le pire qui peut arriver c’est d’en mourir, mais le pire, c’est d’en mourir quatre ans après.
«Elle souffrait énormément physiquement, chaque transfert de son lit à son fauteuil était une torture pour elle, elle criait. Pour moi, c’est ça le pire : elle n’avait plus de qualité de vie», se désole sa fille.
Sa mère se souvenait de ses proches, mais ignorait tout de l’accident qui la clouait au lit en permanence. Au début, elle était capable de tenir une conversation, faisait des blagues. Mais plus ça allait, plus elle avait des moments d’absence, fixait le vide lorsqu’on lui parlait.
«Elle était comme morte en dedans», lâche Mme Gagné. Sa mère a ensuite arrêté de s’alimenter. Son état se détériorait et elle était devenue rachitique.
Après trois jours à son chevet, Mme Gagné a vécu son départ comme un certain soulagement.
D’abord pour sa mère, qui avait toujours dit qu’elle refusait de vivre dans de telles conditions. Mais aussi pour ne plus vivre avec la culpabilité « de laisser une femme dans la cinquantaine avec des personnes âgées en fin de vie », confie Mélissa Gagné.
«Quand je me couchais le soir, je pensais à ma mère seule dans son lit. Ça n’a pas de bon sens, vivre comme ça, dit-elle, émue. Elle a vécu un calvaire. Elle aurait dû mourir sur le coup.»