Il faut encadrer la promotion des gros véhicules polluants, dit Équiterre
Radio-Canada
Devant l'engouement des Québécois pour des véhicules de plus en plus gros, le groupe environnemental Équiterre continue sa croisade pour limiter, voire interdire, la publicité des VUS et des camions à essence, comme c'est le cas dans certains pays européens.
Entre 1990 et 2019, les ventes de véhicules utilitaires sport (VUS) et de camions légers ont augmenté de 284 %, tandis que les ventes de voitures ont diminué de 29 % au Québec, selon une récente étude de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal.
Cette même étude signalait que même si les véhicules deviennent plus écoénergétiques, les gains réalisés en efficacité énergétique sont annulés par cette tendance à acheter des véhicules toujours plus gros, plus hauts et plus forts.
Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre, appelle à encadrer la publicité des véhicules utilitaires sport et des camions légers à essence, si on souhaite réussir à diminuer les gaz à effet de serre du secteur des transports.
C'est une question de cohérence, parce qu'on ne peut pas se donner comme objectif d'électrifier nos véhicules d'ici 2035 et de continuer d'en faire la promotion [des camions et VUS à essence]. C'est dans 12 ans. Un véhicule est justement à peu près sur la route pendant ce nombre d'années-là, a indiqué l'analyste chez Équiterre lors d'une conférence intitulée Comment concilier les engagements climatiques et la publicité automobile?, présentée la semaine dernière par le Conseil régional de l'environnement de Montréal.
Elle suggère de restreindre les pratiques publicitaires de l'industrie automobile à l'image de la réglementation qui a été mise en place pour limiter la promotion de produits du tabac.
"Les publicités lifestyles", ou quelqu'un joue au tennis avec une cigarette à la main, ont été interdites avant que les autres publicités du tabac soient interdites, a rappelé Mme Brazeau en suggérant une réglementation progressive pour l'industrie automobile comme ce fut le cas pour celle du tabac.
On pourrait interdire les publicités dans lesquelles les véhicules circulent dans des endroits où ça n'a aucun sens et où, en fait, c'est illégal de rouler, a-t-elle ajouté en faisant référence aux publicités ou de gros véhicules roulent dans des ruisseaux ou des champs en détruisant la nature.
Selon une analyse d'Équiterre, 68 % des publicités utilisent la nature ou ses propriétés pour vendre les camions légers.