Il est temps de gérer la santé comme on gère Hydro-Québec
TVA Nouvelles
La pandémie nous amène tous à réfléchir sur le système de santé et à trouver de nouvelles façons pour améliorer les services aux citoyens. Pour prendre des décisions difficiles, il faut libérer la gestion du système de santé des influences politiques. Somme toute, les gouvernements doivent établir des politiques de santé et cesser de faire de la politique avec la santé.
Voilà pourquoi, en 2006, j’ai suggéré de créer l’Hydro-Santé. Cette idée m’était venue lors d’une rencontre avec le PDG d’Hydro-Québec d’alors, André Caillé. Celui-ci me faisait remarquer que, comme Hydro-Québec, le système de santé devait fournir des services jour et nuit, 365 jours par année, et faire face aux nombreuses crises de verglas que sont les engorgements dans les urgences.
Par contre, en santé, les gestionnaires gèrent des dépenses, alors que la société d’État génère des revenus, ce qui lui permet de croître. En santé, pour croître, il faut sabrer dans les dépenses et augmenter la bureaucratie.
L’Hydro-Santé serait formée de gestionnaires renommés et non élus qui géreraient la santé et non des compressions. Bien sûr, il ne s’agit pas de créer une société d’État aussi grosse qu’Hydro-Québec, mais de faire en sorte que les décisions d’organisation soient prises par des gens indépendants de la politique.
En énonçant ce concept, je ne rêvais pas en couleur.
Je savais bien que les politiciens n’accepteraient pas de céder plus de 40 % d’un budget avec lequel ils gagnent leurs élections.
En fait, il ne s’agit pas de céder un budget, mais plutôt de le faire administrer par un organisme parapublic, sans lien avec la politique, comme cela se fait dans bien d’autres domaines reliés à l’État, telles l’assurance-automobile, la santé et sécurité au travail ou l’énergie électrique. Mon but était, et est toujours, d’inciter à la réflexion sur d’autres façons d’agir et de faire cheminer les choses.
Je serais heureux si le gouvernement arrivait au moins à appliquer la 31e recommandation de la Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux (commission Clair) et que tout le monde a oubliée, surtout les politiciens :
« Que le gouvernement confie à un groupe de travail le mandat de le conseiller sur diverses options, notamment, le renouvellement du Ministère, la création d’une agence nationale et de toute autre proposition visant à adapter la gouverne nationale aux défis de l’avenir ; que ce groupe de travail soit composé d’administrateurs publics reconnus, de gestionnaires expérimentés du monde des affaires, de professionnels de la santé et de citoyens. »