
Hydrogène: la dangereuse, coûteuse et inefficace lubie d’Énergir
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Énergir demande à la Régie de l’énergie l’autorisation d’évaluer la possibilité d’injecter jusqu’à 50 % d’hydrogène dans son réseau gazier. Bien que l’objectif de verdissement du gaz naturel puisse sembler louable, il faut, à notre avis, éviter de s’engager dans cette voie. Elle comporte des risques très sérieux pour la sécurité des usagers, relève d’un non-sens économique, en plus d’être complètement inefficace d’un point de vue énergétique.
Alors que la pression est forte pour faire du gaz naturel une énergie de transition, il nous semble important de remettre les pendules à l’heure. Dans un article paru le 30 octobre dernier, Charles Émond, PDG de la Caisse de dépôt et placement, réaffirmait son intention de soutenir l’industrie du gaz.
Tenter de « verdir » le réseau de gaz en y injectant de l’hydrogène n’est pas un choix qui nous rapproche d’une transition efficiente. Par ailleurs, la capacité du réseau actuel à tolérer de l’hydrogène est faible : une étude du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) conclut qu’elle se situe à la hauteur de 2 %.
Le verdissement du gaz naturel que propose Énergir est un piège permettant de continuer à distribuer du gaz de fracturation et ne doit surtout pas servir à retarder l’électrification des bâtiments et des procédés industriels au Québec.
L’hydrogène est un gaz hautement explosif, l’énergie requise pour l’enflammer étant environ 10 fois plus faible que pour le gaz naturel. De plus, la plage d’inflammabilité du gaz naturel se situe entre 5 % et 15 %, celle de l’hydrogène se situe entre 5 % et 75 % (en proportions volumiques). Cette caractéristique rend l’utilisation de l’hydrogène plus risquée.
La petite taille de la molécule d’hydrogène est également problématique : elle lui permet de s’échapper à travers des ouvertures de taille extrêmement faible, ce qui accroît le risque de fuite dans les canalisations enfouies et dans les appareils utilisant ce gaz. L’hydrogène est incolore et inodore, donc difficile à détecter.
Le coût de l’hydrogène vert est directement lié au coût de l’électricité nécessaire pour le produire. Considérant les pertes énergétiques encourues durant la production d’hydrogène par électrolyse, l’hydrogène est donc plus cher que l’électricité. S’il existe bien quelques avenues où l’utilisation de ce gaz pourrait être intéressante (essentiellement dans les procédés non électrifiables), il n’y a aucun intérêt à payer plus cher une énergie qu’on peut obtenir autrement.