Huntingdon force une friperie communautaire à quitter la ville
Radio-Canada
Dans une ancienne usine de textile située au bord de la rivière Châteauguay, les machines ont fait place à des rayons de vêtements, de livres, d'appareils électroménagers et de petits meubles.
Le panier de Danielle Roy est déjà plein. J'aime recycler les vêtements, j'en amène ici et je veux acheter des articles de seconde main, dit-elle.
La Friperie communautaire de Huntingdon, qui existe depuis 12 ans, devra toutefois quitter la ville à la fin mars. La Municipalité, qui est propriétaire des locaux qu'elle occupe, a décidé de ne pas renouveler son bail et d'utiliser l'espace pour loger un autre organisme communautaire, consacré à l'aide alimentaire.
La friperie, qui a été informée de la décision de la Ville en décembre, a eu quelques semaines pour se trouver un autre local, qui est cependant beaucoup plus petit, plus cher et, surtout, situé dans un autre village de la région.
Les clients de l'entreprise d'économie sociale, dont plusieurs n'ont pas de véhicule, devront donc parcourir plusieurs kilomètres. Mais ce déménagement inquiète aussi celles et ceux qui travaillent à la Friperie communautaire, de façon rémunérée ou non, pour trier les dons et accueillir les clients.
Une cinquantaine de personnes viennent régulièrement aux locaux de la friperie, dans le cadre de programmes de réinsertion ou d'intégration sociale. Ce sont des jeunes ou des adultes qui ont des difficultés physiques, psychologiques ou sociales.
L'important, c'est de développer l'indépendance, qu'ils soient fonctionnels dans leur communauté, explique Véronique Jodoin, technicienne en éducation spécialisée à la Commission scolaire New Frontier. C'est une perte, estime Mme Jodoin, évoquant le déménagement de l'organisme. Ce n'est pas partout qu'il est possible de créer un tel partenariat.
La Ville de Huntingdon, qui est propriétaire de l'immeuble, une ancienne manufacture, a informé l'organisme en décembre dernier que son bail ne serait pas renouvelé après le 31 mars. La Municipalité compte utiliser le local pour loger un organisme d'aide alimentaire, La Bouffe additionnelle, et utiliser les locaux actuels de cet organisme pour accueillir un centre de Services Québec.
Dans un long communiqué diffusé à la fin de décembre, le maire André Brunette affirme agir dans l'intérêt public et reproche à la friperie d'entreposer des objets de façon excessive et inadéquate. La Ville affirme que le Service de sécurité incendie a constaté plusieurs irrégularités au fil des ans, comme une sortie bloquée, l'obstruction du système de protection incendie, des branchements électriques dangereux et un entreposage excessif de biens.