Horacio Arruda a empêché la diffusion de données sur le cancer à Rouyn-Noranda
Radio-Canada
Figurant dans le rapport de biosurveillance de 2019 et destinées à être présentées à la population, des données sur les cas de cancer du poumon à Rouyn-Noranda ont été retirées à la dernière minute, à la demande du directeur national de santé publique à l'époque, Horacio Arruda.
Les récentes données sur l’état de santé de la population dévoilées en mai dernier en ont inquiété plusieurs. On y apprenait que le pourcentage de maladies pulmonaires obstructives chroniques est plus élevé que la moyenne provinciale, que l’incidence du cancer du poumon y est nettement plus élevée et que les naissances de faible poids sont aussi plus nombreuses.
Radio-Canada a appris que déjà en septembre 2019 la santé publique régionale savait que le taux de mortalité lié au cancer du poumon était plus élevé à Rouyn-Noranda et souhaitait en aviser la population.
Il semblait important d’ajouter quelques informations complémentaires en lien avec l’incidence du cancer du poumon à Rouyn-Noranda [...] L’arsenic est un facteur aggravant favorisant le développement du cancer du poumon et cet effet à la santé préoccupe particulière la DSPu, peut-on lire dans l’annexe 6 qui devait être incluse dans le rapport de biosurveillance présenté à la population en septembre 2019.
On rappelle que la Direction de santé publique régionale a formulé l'hypothèse que les émissions de la Fonderie Horne, appartenant à Glencore, pourraient être responsables de cette forte incidence du cancer du poumon.
L’annexe n’a toutefois jamais été publiée dans le rapport. Deux sources nous confirment que c’est le directeur national de santé publique de l'époque et sous-ministre adjoint, Horacio Arruda, alors de passage à Rouyn-Noranda, qui a demandé à ce que l’on retire cette annexe du rapport.
Dans le compte-rendu du comité consultatif de suivi de l’étude de biosurveillance du quartier Notre-Dame, auquel il a assisté le 26 septembre 2019, le Dr Arruda précise qu’il est venu à Rouyn-Noranda à titre de conseiller du ministre Lionel Carmant et non comme directeur national de santé publique.
Des membres du comité nous ont confié avoir été surpris de le voir faire cette précision et ce n’est pas la première fois que les deux rôles du directeur national en santé publique sont remis en question.
En mai dernier, la coroner Géhane Kamel avait justement souligné dans un rapport que le poste de directeur national de santé publique et celui de sous-ministre « sont deux rôles distincts et ne sont peut-être pas compatibles », en ajoutant que les impératifs sanitaires ne correspondent pas nécessairement aux intérêts politiques et économiques d’un gouvernement.