Hausse de taux : « C’est la goutte qui fait déborder le vase »
Radio-Canada
La dernière hausse du taux directeur par la Banque du Canada, aussi petite soit-elle, est celle de trop et pourrait entraîner des dommages collatéraux, selon l’économiste en chef et stratège à la Banque Nationale Stéfane Marion.
Il arrive un moment donné dans le cycle économique où chaque hausse marginale a un effet qui n’est plus linéaire. C’est beaucoup plus sérieux, c’est comme la goutte qui fait déborder le vase, a souligné M. Marion, en entrevue à Radio-Canada.
Ce dernier est très critique face à la décision de la Banque du Canada qui aurait dû appliquer un principe de précaution alors que l’économie mondiale nage en pleine incertitude avec la hausse des taux d’intérêt, les relents de la pandémie et la guerre en Ukraine.
Prendre une pause, c’était une police d’assurance. La hausse supplémentaire, c’est prendre un risque supplémentaire pour le cycle économique, c’est un risque de faire culbuter l’économie, surtout lorsqu’on ne voit pas un pas devant soi à cause du brouillard géopolitique, assure-t-il.
La Banque du Canada a annoncé mercredi une hausse de 0,25 % de son taux directeur, ce qui le porte à 4,5 % et correspond à une huitième augmentation d’affilée.
On a tardé à monter les taux en 2021, et là, on y va tous azimuts, sans considérer le fait que les autres banques centrales ont agi de la même façon, affirme M. Marion.
Au total, ça veut dire que les hausses de taux sont cumulées. Il y a eu plus de 43 augmentations de taux d’intérêt; moi, je n’ai jamais vu cela. On n’a jamais vu autant de banques centrales s’acharner, poursuit l’économiste qui n’hésite pas à les comparer à une meute de loups affamés.
Dans plusieurs ménages, notamment les emprunteurs, l’effet est brutal. Pour une hypothèque de 400 000 $ avec un amortissement sur 25 ans, la hausse mensuelle est tout près de 900 $.
De plus en plus de propriétaires ont d’ailleurs atteint leur taux limite, c’est-à-dire qu’ils ne payent plus du tout de capital sur leur paiement hypothécaire. Plusieurs d’entre eux ont été contactés récemment par leur institution financière pour hausser leurs paiements.