
Guerre sur l’appartenance du mot «coca» en Colombie
TVA Nouvelles
Des Amérindiens de Colombie souhaitent interdire la vente de Coca-Cola sur leurs territoires, soit un tiers du pays, pour protester contre la multinationale américaine qui les menace d'un procès pour avoir donné à une bière locale le nom de «Coca Pola».
Les communautés autochtones du sud-ouest du pays menacent de boycotter les produits du géant mondial qui a demandé fin novembre à une petite entreprise communautaire indigène de «s'abstenir définitivement d'utiliser le nom Coca Pola (...) qui pourrait être confondu avec les marques commerciales détenues» par Coca-Cola.
Le nom Coca Pola vient de la conjugaison des mots «coca», la plante locale dont est extraite la cocaïne, et «pola» qui veut dire «bière» en Colombie. La boisson, qui coûte environ 2 dollars, est commercialisée depuis quatre ans par l'entreprise Coca Nasa qui produit environ 7000 canettes par mois.
Les représentants des peuples Nasa et Embera Chami ont envoyé une lettre au fabricant de boissons avec un ultimatum de dix jours pour qu'elle leur donne «des explications sur l'utilisation non autorisée de la marque Coca-Cola», selon le texte dont l'AFP a eu copie jeudi.
Passé ce délai, ils prévoient des «mesures judiciaires et commerciales» contre Coca-Cola, notamment «l'interdiction de la vente de ses produits dans les territoires indigènes», qui couvrent 33 millions d'hectares - près d'un tiers du pays - selon l'Agence nationale des terres.
Depuis des siècles, de nombreux peuples autochtones d'Amérique du Sud mastiquent la feuille de coca considérée comme un fortifiant, une pratique qu'ils défendent comme faisant partie de leur «patrimoine culturel».
«La feuille de coca est un des éléments principaux de la culture Nasa et cela suffit qu'on nous poursuive parce que la coca serait à quelqu'un d'autre!», s'indigne la cheffe des NASA, Fabiola Piñacue, une des signataires de la lettre.
Pour les auteurs de la lettre, l'utilisation du mot «coca« par l'entreprise américaine sans consultation préalable auprès des peuples autochtones représente une «pratique abusive» qui viole «la règle nationale, andine, et le système international des droits de la personne».
Sollicité par l'AFP, le représentant légal de Coca-Cola en Colombie n'avait pas réagi dans l'immédiat.