Guerre en Ukraine : une économie russe résiliente, un marché mondial incertain
Radio-Canada
La Russie s’est construit un puissant levier économique au fil des décennies qui lui permet aujourd’hui d’attaquer l’Ukraine tout en ayant la conviction de pouvoir résister aux sanctions de l’Occident. La Russie est une puissance énergétique mondiale, dont l’Europe est largement dépendante, ce qui limite les mesures de rétorsion des Européens et des Américains.
Il est indéniable que la Russie subira les contrecoups économiques des sanctions annoncées par l’Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis principalement. La chute boursière de jeudi en témoigne : le RTS, l’indice principal de la Bourse de Moscou, a plongé de 38 %, une chute de valeur estimée à environ 250 milliards de dollars.
L’action du producteur public russe de gaz naturel Gazprom a perdu plus de 30 % de sa valeur et la banque Sberbank a chuté de plus de 45 %.
N’empêche, c’est près de 40 % du gaz naturel d’Europe qui vient de Russie. Et c’est 25 % du pétrole consommé sur le continent européen qui arrive du pays de Vladimir Poutine. Le tiers de l’approvisionnement gazier en Europe passe par l’Ukraine.
Moscou détient les manettes de l’approvisionnement énergétique de l’Europe et il est très clair que l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie auront du mal à trouver de nouvelles sources énergétiques advenant que les Russes ferment le robinet.
Mais, il n’est certainement pas dans l’intérêt de la Russie de réduire ses exportations de gaz naturel et de pétrole. Le pays en serait nécessairement une victime sur le plan économique alors que les hydrocarbures représentent la principale exportation du pays et que l’Union européenne est son premier client.
L’Allemagne a annoncé, il y a quelques jours, la suspension de la certification du pipeline Nord Stream 2, construit depuis septembre 2021, mais qui n'est pas encore en activité. Ce pipeline, qui parcourt 1200 kilomètres sous la mer Baltique, doit permettre le transport de gaz naturel de la côte russe près de Saint-Pétersbourg jusqu'à Lubmin en Allemagne.
C’est un projet évalué à près de 15 milliards de dollars canadiens, payés à moitié par Gazprom et par d'autres géants énergétiques comme Shell et Engie. Nord Stream 2 suit le circuit du premier pipeline, Nord Stream, en parallèle, en activité depuis 2011. Ultimement, les deux pipelines pourront permettre le transport de 110 milliards de mètres cubes de gaz naturel, ce qui est l’équivalent du quart du gaz naturel consommé par les pays de l'Union européenne.
Les États-Unis et le Royaume-Uni se sont opposés au projet Nord Stream 2 en raison de la puissance russe et de la dépendance que ce projet crée à l'égard du gaz russe. Les États-Unis ont imposé des sanctions aux entreprises russes qui ont participé à la fabrication du pipeline.