Guerre en Ukraine : le peuple russe est-il derrière Poutine?
Radio-Canada
Les manifestations contre la guerre en Ukraine se succèdent partout dans le monde. Même en Russie, malgré les risques que cela implique, des citoyens sont sortis dans des dizaines de villes pour dénoncer l’attaque russe. Plus de 14 000 manifestants ont été arrêtés depuis le 24 février, d'après l'ONG OVD-Info.
L’opposition populaire pourrait-elle prendre assez d'ampleur pour faire chanceler le gouvernement russe?
Pas à court terme, croient les analystes.
Le mouvement antiguerre est minoritaire et rejoint des gens qui étaient déjà critiques de Vladimir Poutine, estime Guillaume Sauvé, chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM). Cette protestation reste marginale dans la société russe, avance M. Sauvé.
Il rappelle qu’il y avait eu une importante vague de manifestations lors du retour du dissident Alexeï Navalny en Russie, en janvier 2021, un mouvement qui a fini par s’estomper sans résultats concrets. Après un certain temps, ça se calme, parce que les gens comprennent bien que ça ne donne pas grand-chose de risquer leur carrière et leur liberté. Le régime est déjà verrouillé contre ce genre de protestations.
« On est dans une logique répressive qui laisse difficilement imaginer un scénario révolutionnaire. »
Le président Poutine est déterminé à aller de l’avant coûte que coûte et ce ne sont pas quelques manifestants qui le feront changer d'avis, estime, pour sa part, Yann Breault, professeur d’études internationales au Collège militaire royal de Saint-Jean.
« La volonté de revanche de Poutine sur l'Ukraine et sur l'Organisation du traité de l'Atlantique nordOTAN le fait basculer dans un univers représentationnel où il ne se préoccupe pas de l'opposition de sa population à ce conflit. »
Qui plus est, les Russes l’appuient encore fortement, rappelle Marie Dumoulin, directrice du programme Europe élargie au Conseil européen sur les relations extérieures. Le taux de popularité de Poutine est de l'ordre de 71 % [selon un sondage du centre Levada réalisé avant le début de la guerre] et a plutôt tendance à augmenter [il était de 63 % en novembre]. Dans une situation de crise, il est habituel de voir un effet de ralliement autour du drapeau.