
Guantanamo, vingt ans plus tard
Radio-Canada
Le 11 janvier 2002, les premiers prisonniers arrivaient à la base américaine de Guantanamo. Dénoncé par les organisations de défense des droits de la personne comme un symbole des excès de la guerre contre le terrorisme, « le camp de la honte » est toujours là, vingt ans plus tard.
Des 780 hommes et adolescents incarcérés à Guantanamo depuis 2002, il n’en reste actuellement plus que 39.
Parmi eux, 13, qui n’ont jamais été accusés d’aucun crime, peuvent être libérés, a estimé la Commission de révision des détentions, qui se penche régulièrement sur les cas des détenus. Mais encore faut-il négocier des ententes avec leur pays d’origine ou avec un autre prêt à les accueillir.
Une dizaine d’autres sont inculpés ou sont susceptibles d'être jugés par un tribunal militaire, dont le Pakistanais Khalid Cheikh Mohammed, cerveau présumé des attentats du 11 Septembre, et d’autres hauts gradés d’Al-Qaïda.
Deux détenus ont été condamnés et purgent actuellement leur peine.
Enfin, une quinzaine de prisonniers n’ont fait l’objet d’aucune accusation formelle, mais les Américains les estiment trop dangereux pour pouvoir les relâcher.
Le président Barack Obama, qui a succédé à George Bush en 2009, a affirmé haut et fort son intention de fermer la prison qui, selon lui, sape la sécurité nationale américaine et entache l’image des États-Unis dans le monde. Or, il s’est heurté à plusieurs obstacles.
En incarcérant des détenus à Guantanamo sans leur offrir de garanties judiciaires d’aucune sorte et en leur donnant un statut qu’ils ont inventé, celui de combattants illégaux, les Américains ont créé une zone de non-droit, explique Julia Grignon, professeure agrégée et codirectrice de la Clinique de droit international pénal et humanitaire à la Faculté de droit de l’Université Laval.
« Quand on décide de ne pas tenir compte du droit et qu’on veut ensuite se remettre dans une situation conforme au droit, c'est très compliqué. »