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Grogne sociale en Libye sur fond de chaos politique
Radio-Canada
Incapables de régler leurs querelles politiques, les dirigeants rivaux en Libye se trouvent sous une pression croissante de la rue, au lendemain de vastes manifestations provoquées par des coupures d'électricité chroniques en pleine canicule.
À Tobrouk, à l'extrême est du pays, des manifestants armés d'un bulldozer ont forcé vendredi l'entrée du parlement avant d'y mettre le feu, en protestant contre la détérioration des conditions de vie et l'incurie de leurs dirigeants.
Du berceau de la révolte de 2011 de Benghazi (est) à la capitale Tripoli (ouest), en passant par les villes orientales de Tobrouk et d'Al-Baïda, des milliers de personnes ont battu le pavé vendredi soir dans tout le pays.
Nous voulons avoir de la lumière, ont scandé les manifestants, en référence aux coupures d'électricité qui durent chaque jour une douzaine d'heures, voire 18 les jours de forte chaleur.
La capitale a également été le théâtre de manifestations vendredi avec des centaines de personnes réclamant le renouvellement de la classe politique, la tenue d'élections et la fin des coupures de courant.
Ce brusque embrasement est en train d'essaimer partout dans le pays, selon des images diffusées par les médias. À Sebha, dans le sud, des manifestants ont incendié un bâtiment officiel.
Depuis plus d'un an, l'écrasante majorité des efforts de diplomatie et de médiation concernant la Libye ont été monopolisés par la notion d'élections, lesquelles n'auront pas lieu avant au moins deux ans, vu l'échec des négociations de Genève jeudi sous les auspices de l'ONU, a expliqué à l'AFP l'analyste Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye.
Or, l'économie aurait sans doute dû être la priorité absolue de tous, estime le chercheur. Sur ce front, l'année 2022 a été extrêmement pénible pour les Libyens, pour plusieurs raisons : la Libye importe presque toute sa nourriture et la guerre en Ukraine a affecté les prix à la consommation, comme dans beaucoup de pays de la région.
Le secteur névralgique de l'énergie, qui du temps de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, tué durant la révolte de 2011, permettait de financer un État providence, est depuis mi-avril une victime collatérale des divisions politiques, avec une vague de fermetures forcées de sites pétroliers, conséquence d'un bras de fer entre deux gouvernements rivaux.