Gérer les feux de forêt autrement pour éviter de « frapper le mur » des 1,5 °C
Radio-Canada
Dans les zones boréales du Canada et de l’Alaska, une meilleure stratégie de lutte contre les feux de forêt pourrait être une solution peu coûteuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), d’après une étude. Devrait-on donner une priorité carbone lors du choix des feux de forêt à combattre activement?
Le Canada renferme un peu moins de 30 % des forêts boréales mondiales. Celles-ci couvrent une grande partie du centre du pays, du Yukon à Terre-Neuve-et-Labrador. Si ces étendues constituent d’importants puits de carbone, la fréquence accrue des incendies menace de libérer ce CO2 stocké dans l’atmosphère.
D’ici le milieu du siècle, les émissions de CO2 causées par les feux de forêt boréale en Amérique du Nord pourraient représenter 3 % du quota global de carbone restant en vue de limiter le réchauffement climatique en deçà de 1,5 °C, d’après les résultats de l’étude publiée cette semaine dans la revue Sciences Advances.
C’est l’équivalent des émissions carbone annuelles de 2,6 milliards de voitures, explique Carly Philips, du regroupement Union of Concerned Scientist basé à Cambridge aux États-Unis, qui a participé à l’étude.
Cela dit, en étudiant la gestion des feux de forêt en Alaska en particulier, les chercheurs ont prouvé que cette tendance pouvait être inversée : avec une meilleure stratégie de gestion des incendies de forêt, l’Alaska pourrait éviter d’émettre jusqu’à 3,87 gigatonnes de CO2 dans l'atmosphère d’ici 2050.
Et empêcher l’émission d’une tonne métrique de CO2 par le biais de ces méthodes de gestion des feux de forêts boréales coûterait en moyenne 12 $ US, d’après leurs estimations.
Ce serait une stratégie de réduction du carbone efficace et surtout comparable, voire moins coûteuse que les autres stratégies de réduction des émissions de carbone, affirme Carly Philips.
L’idée d’une meilleure gestion de feux de forêt n’est pas de supprimer ces incendies, car ils font partie du cycle des forêts boréales, mais plutôt de les rétablir à leurs niveaux historiques, selon l’étude. Ils étaient auparavant plus fréquents, mais brûlaient des surfaces plus petites.
Pour estimer les émissions de carbone des feux de forêt, les chercheurs ont effectué une méta-analyse de données disponibles sur les régimes de feux au Canada et en Alaska et leurs projections.