
Fraudée pour plus de 1,2 M$, une veuve pourra enfin toucher son héritage
TVA Nouvelles
Six ans après s’être fait dépouiller de l’héritage de son conjoint décédé par un fin manipulateur, une veuve sexagénaire a finalement eu gain de cause en cour civile, qui a ordonné au fraudeur de lui rembourser plus de 1,2 million $.
«Les événements ont mené [la dame] dans un difficile voyage [...] mais il faut se souvenir que peu importe la rudesse de l’hiver, le printemps et les oiseaux finissent toujours par revenir», a imagé le juge David E. Roberge en donnant récemment gain de cause à Kiyoko Matsuba, au palais de justice de Montréal.
C’est que Mme Matsuba, 68 ans, vit dans l’angoisse depuis qu’elle s’est fait dépouiller en 2018, peu après le décès de son conjoint des 20 années précédentes. Elle avait alors rencontré Neil Floyd, un musicien de Saint-Lazarre qui prétendait être un «bon ami» du défunt.
Vu son cercle social restreint au Canada, ainsi que sa détresse à la suite du décès de son conjoint, Mme Matsuba a alors écouté Floyd, qui l’impressionnait avec ses «conseils» pour s’assurer de toucher l’héritage du défunt, tout en se montrant avenant lors de soirées emplies de romantisme.
«Au minimum, il semblait cultiver une ambiguïté pour gagner la confiance de Mme Matsuba, à un moment où elle était vulnérable», a noté le juge.
Et une fois cette confiance gagnée, il a fait signer plusieurs procurations à la dame, afin d’avoir accès aux biens du défunt, supposément «afin de les protéger».
Il s’est également servi chez le conjoint décédé en prenant une montre de marque Patek Philippe, dont certains modèles coûtent plus cher qu’une voiture, en faisant croire que «c’était probablement une fausse importée de Chine».
Mais quelques dizaines de milliers de dollars ne semblaient pas suffisants pour Floyd, qui a ensuite vendu un immeuble du défunt, au centre-ville de Montréal, pour 1,2 million$. Il a gardé le pactole en prétendant que c’était pour «protéger l’argent de la succession».
Il a ensuite vendu pour des dizaines de milliers de dollars d’actions d’entreprises pour en garder le montant de la vente. Et pour se protéger en cas de poursuite, il a fait signer à la dame une lettre où elle disait être «saine d’esprit», avant d’annoncer qu’elle transférait son argent à «son bon ami Neil Floyd» en guise de «cadeau» pour son aide.