Francine Ruel va à la rencontre de parents d’enfants qui souffrent de dépendance
Radio-Canada
Après la série Anna et Arnaud, basée sur le roman Anna et l’enfant-vieillard de Francine Ruel, cette dernière est au cœur du documentaire Anna et Arnaud : reconstruire le lien, diffusé mardi soir à TVA. L’autrice et comédienne est allée à la rencontre de deux parents qui, comme elle, portent à bout de bras un fils ou une fille qui souffre de dépendance.
Le documentaire met en lumière l'histoire de trois individus qui tentent de rebâtir les ponts avec leur progéniture, ravagée par des problèmes d’alcool ou de drogue. En plus de s’entretenir avec Sophie et Thierry, deux parents à bout de souffle, Francine Ruel raconte sa propre expérience avec son fils Étienne, rongé par des dépendances multiples (héroïne, alcool, cocaïne) qui lui collent à la peau depuis près de 30 ans.
Avant de se retrouver dans la rue, l’homme qui a aujourd’hui 47 ans a été victime à 18 ans d’une violente agression qui lui a laissé de graves séquelles. Francine Ruel a caché les difficultés de son fils pendant 20 ans, avant de s’ouvrir dans un roman inspiré de sa propre vie, Anna et l’enfant-vieillard, publié en 2019.
Mon fils est comme un vieux monsieur, il marche avec une canne. Il est abîmé dans son corps et son cœur peut lâcher n’importe quand. C’est fou ce que les drogues et l’alcool peuvent faire, explique-t-elle.
Si elle a décidé de prendre la parole, c’est notamment pour déstigmatiser les dépendances, un sujet souvent tabou dans le cercle familial. C’est comme des parents qui ont un enfant qui a une maladie. Ça rassure tout le monde, parce qu’il y a un nom à la maladie et ce n’est pas la faute de l’enfant, parce qu’il est malade, explique-t-elle.
Mais celui qui a des problèmes de dépendance, c’est un drogué, un alcoolique, un paresseux, quelqu’un qui ne veut pas s’en sortir.
Le documentaire est aussi une manière de déculpabiliser les parents qui se butent à la nature implacable des dépendances. Francine Ruel explique qu’elle a vraiment tout essayé avec son fils, et que même si elle continue toujours de l’aimer, elle lui demande aujourd’hui la permission de lâcher prise.
Mon fils n’est pas prêt à s’en sortir, et on ne peut pas aider quelqu’un qui n’est pas prêt à se faire aider, résume-t-elle. Bien sûr qu’il y a de la culpabilité, bien sûr qu’on ne veut pas briser le lien, bien sûr qu’on veut rester présent, mais il y a des règles à suivre. D’abord, on ferme le robinet financier, parce qu’on n’aide pas en donnant de l’argent.
« C’est épouvantable, c’est dur, c’est effrayant, mais ça s’appelle “tough love”. Il faut tout le temps mettre des limites. »