François Legault a-t-il nourri l’anxiété dans la population à Rouyn-Noranda?
Radio-Canada
« Est-ce que le 15 nanogrammes, c’est suffisant? Est-ce que la Fonderie devrait fermer ou pas? Je n’ai pas les connaissances nécessaires pour prendre la décision. Je n’ai pas la capacité d’évaluer les risques non plus à moyen, court et long terme », lance la Rouynorandienne Suzanne Boisvert.
Ses deux filles ont participé à l’étude de biosurveillance sur des enfants, dont les résultats sont parus en 2019. Le taux d'arsenic dans leur organisme était de 3 à 4 fois plus élevé que la moyenne perçue dans le groupe témoin, dont les participants provenaient d’Amos, une ville située à une centaine de kilomètres.
Mais même si la qualité de l’air de Rouyn-Noranda l’inquiète et lui fait vivre un stress considérable, elle ne souhaite pas pour autant que la Fonderie Horne mette la clé sous la porte. Elle veut encore moins porter le sort de l’entreprise sur ses épaules, comme l’a laissé entendre le premier ministre pendant la campagne.
« Il doit y avoir un leadership social pour soutenir la population, pour éviter qu’on se déchire comme [comme c’est le cas] actuellement. »
Les propos de François Legault préoccupent la Ville de Rouyn-Noranda au point où celle-ci en fait état dans son mémoire déposé dans le cadre de la consultation publique sur le projet de renouvellement de l’autorisation ministérielle de la Fonderie Horne.
Soumettre la population à un référendum sur l’avenir de la Fonderie viendrait diviser et exacerber davantage les tensions et la fracture sociale. Des efforts devront être fournis pendant plusieurs années pour rebâtir les ponts et assurer le bien-être et la paix sociale, peut-on lire.
En entrevue, la mairesse Diane Dallaire a dit s’en remettre à Québec. Ça incombe au gouvernement de fixer des normes, de les faire respecter. Ce n'est pas à la population, soutient-elle.
Pour la psychologue et professeure agrégée au Département de psychoéducation et travail social de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Georgia Vrakas, il y a un bon moment que le premier ministre François Legault aurait dû faire preuve de leadership et d’empathie. Surtout dans un contexte anxiogène tel que celui généré par l’avenir incertain de la Fonderie Horne, selon l’experte.
Le problème, c’est que lorsque M. Legault a lancé l'idée d’un référendum et a dit que c’était à la population de se prononcer, il a mis la responsabilité sur les citoyens, estime-t-elle.