
Frais de scolarité : McGill entrevoit jusqu'à 700 pertes d’emplois
Le Journal de Montréal
L’intention du gouvernement Legault de doubler les frais de scolarité des étudiants provenant des autres provinces pour protéger le français au Québec pourrait se traduire par 700 pertes d’emplois à l’Université McGill.
C’est à tout le moins ce qu’a laissé entendre le Principal et vice-chancelier de l’université, Deep Saini, qui qualifie la mesure gouvernementale de «menace à la culture même de l’Université McGill» dans un message envoyé aux étudiants et membres du personnel jeudi.
Les étudiants canadiens hors Québec paient environ 9000 $ par session pour leurs études, un montant qui est appelé à grimper à 17 000 $. Les universités anglophones s’attendent donc à une chute du nombre d’inscriptions.
Du côté de McGill, on table sur une baisse de 20 à 80 % du nombre d’étudiants canadiens hors Québec, ce qui se traduirait par un manque à gagner allant de 17,6 à 69,8 millions $.
«Étant donné les turbulences financières engendrées par les changements annoncés aux droits de scolarité, il faudra prendre des mesures, notamment geler l’embauche, possiblement réduire de 650 à 700 le nombre d’emplois, reporter des dépenses prévues et procéder à d’autres réductions des dépenses non liées à la rémunération», a exposé M. Saini.
Le paysage de l’Université est appelé à changer sans les étudiants canadiens hors Québec. Selon le dirigeant, la survie de l’école de musique Schulich est en péril, tandis que certaines facultés comme celle des sciences de l’agriculture et de l’environnement et celle des sciences de l’éducation seront grandement affectées.
Puisque le tiers des membres des équipes sportives de McGill – les Redbirds et les Martlets – proviennent de l’extérieur de la province, celles-ci vont aussi écoper et certaines pourraient être dissoutes, a évoqué Deep Saini.
«L’Université McGill demeure résolue à collaborer avec le gouvernement du Québec afin de trouver des solutions plus efficaces qui permettront à ce dernier d’atteindre ses objectifs, soit de promouvoir et de protéger la langue française tout en consolidant le réseau universitaire provincial», a assuré le dirigeant.
Québec compte augmenter les frais de scolarité des étudiants canadiens hors Québec à partir de l’automne 2024. Le gouvernement compte ainsi corriger un déséquilibre financier entre les réseaux universitaires francophone et anglophone, une façon de lutter contre le déclin du français selon la CAQ.