Fonderie Horne : Québec veut mesurer un nouveau contaminant cancérigène
Radio-Canada
Le ministère de l'Environnement du Québec cherche à mesurer les concentrations de chrome hexavalent dans l'air ambiant de Rouyn-Noranda, a appris Radio-Canada. Ce contaminant hautement cancérigène ne figure pas sur la liste officielle des rejets de la Fonderie Horne, mais la compagnie admet en émettre un peu.
L'entreprise est déjà le principal émetteur québécois d'arsenic, de nickel et de cadmium, trois contaminants qui augmentent les risques de cancer du poumon. Le ministère veut savoir dans quelle mesure la présence de chrome hexavalent (aussi appelé chrome VI) pourrait contribuer au risque déjà excessif de ce type de cancer dans la ville.
Dans une lettre datée du 13 octobre, la sous-ministre adjointe à l'Environnement et administratrice d'État dans le dossier de la Fonderie, Hélène Proteau, écrit que des travaux sont en cours au MELCC à ce sujet. La lettre est adressée au Regroupement vigilance mines de l'Abitibi et du Témiscamingue (REVIMAT) qui en avait fait la demande.
« Il est très important pour la population de connaître ce qui se retrouve dans l'air ambiant de Rouyn-Noranda. C'est une question de santé publique. »
La Fonderie Horne déclare émettre 23 contaminants différents dans l'environnement auprès de l'Inventaire national des rejets polluants, mais le chrome est considéré dans sa totalité, sans avoir à spécifier si sa forme la plus préoccupante est présente.
Le chrome est mesuré et comptabilisé dans l’ensemble de nos sources d’émissions, explique la porte-parole de la compagnie, Cindy Caouette. La littérature indique une valeur typique de 10 % de chrome hexavalent.
C’est important de mesurer le chrome hexavalent, puisqu’il s’agit d’un composé très toxique, explique la professeure au Département de santé environnementale et santé au travail de l'Université de Montréal, Maryse Bouchard.
« C'est une substance bien documentée comme causant le cancer, dont le cancer pulmonaire, chez l’humain. »
C’est certainement une bonne idée de mesurer le chrome hexavalent, ajoute le professeur en chimie de l'environnement à l'Université de Montréal, Sébastien Sauvé. Il rappelle que « le chrome hexavalent est à la base du scandale d’Erin Brockovich », cette Américaine qui a révélé l'impact sur la santé d'une grave pollution industrielle en Californie. Cette histoire a fait l'objet d'un film récompensé aux Oscars en 2001.