
Fiona : une mise en garde publiée par Pêches et Océans manquait de sensibilité
Radio-Canada
Le 24 septembre dernier, vers 9 h, quelques heures après que l'ouragan Fiona est devenu tempête post-tropicale et s'est abattue sur la Nouvelle-Écosse, le ministère fédéral des Pêches a publié deux messages préplanifiés sur Twitter et Facebook.
Le premier exhortait les citoyens à éviter le littoral et à s'abriter en sécurité. Le second les prévenait de ne pas cueillir de homards qui se seraient échoués sur le rivage après la tempête - un geste illégal, rappelait-on.
L'envoi de cette mise en garde a été discutée par une quinzaine de personnes, dans des courriels, sur une période de 24 heures. La publication a officiellement été approuvée par au moins sept administrateurs et gestionnaires du Canada atlantique, selon des documents communiqués à La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l'accès à l'information.
Un seul de ces responsables a levé la main pour souligner que ce message pourrait être mal reçu, mais il l'a finalement approuvé. Une autre responsable de la conservation de la faune était d'accord pour s'interroger sur l'à-propos d'un tel message - même si c'est elle qui avait d'abord évoqué l'idée d'envoyer le message sur les homards, affirmant qu'il s'agissait d'une suggestion de son équipe.
Malgré ces réticences, le tweet et les publications sur Facebook ont tout de même été approuvés, avec quelques modifications mineures.
Au moment où le message a atterri sur Twitter, les résidents du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve-et-Labrador affrontaient des vents qui soufflaient jusqu'à 177 km/h. Les violentes rafales ont arraché des lignes électriques et des toits, détruit des plages et anéanti des gagne-pain, alors que des bateaux de pêche étaient emportés et des ports décimés. Trois personnes ont perdu la vie, dont deux emportées dans les flots par des ondes de tempête.
Dans ces circonstances dramatiques, l'accent mis sur la cueillette illégale de homards sur les grèves n'a pas été très bien accueilli. Le cabinet de la ministre fédérale des Pêches, Joyce Murray, a exigé éventuellement le retrait du message.
Au moment où Erik Nosaluk, directeur des communications de la ministre, a demandé par courriel de retirer au plus tôt ce message horriblement insensible, l'équipe de communication du ministère était déjà bien consciente des impacts, principalement sur les réseaux sociaux, et s'efforçait de supprimer le message pour le remplacer.
Les messages ont finalement été supprimés quatre heures et demie après leur publication initiale. Des excuses ont été publiées quelques heures plus tard - bien qu'il ait de nouveau fallu plusieurs intervenants et trois brouillons avant que le message de remplacement ne comprenne ces excuses.