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Financement de la SODEC : le cinéma documentaire québécois en colère
Radio-Canada
Dans une lettre publiée mardi et signée par 650 personnes, le milieu du cinéma documentaire québécois dénonce le trop faible financement alloué par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Il réclame de recevoir au moins 15% des fonds affectés à la production de films par la SODEC.
Il y a une désaffection des télédiffuseurs [pour les documentaires québécois] avec l’arrivée de Netflix. Tout cet écosystème va nous nuire à long terme si on n’est pas soutenu, a expliqué, en entrevue mardi, le cinéaste Denys Desjardins, à Franco Nuovo lors de l’émission Le 15-18.
Le grand public continue à aimer [les documentaires], a-t-il aussi précisé, rappelant le succès du documentaire Les Rose, qui a gagné le prix du public lors du dernier Gala Québec Cinéma.
Dans leur lettre, les signataires soulignent aussi que les longs métrages documentaires québécois rayonnent dans les festivals à l’étranger. Deux d’entre eux – Geographies of Solitude, de Jacquelyn Mills, et Cette maison, de Miryam Charles – ont d’ailleurs été sélectionnés lors de la dernière Berlinale.
Parmi les 650 signataires se trouvent des documentaristes, comme Richard Desjardins, Fernand Dansereau – récemment lauréat d'un Prix du Gouverneur général – et Jacques Godbout, mais aussi des cinéastes de fiction, dont Denis Villeneuve, Philippe Falardeau, Denys Arcand ou encore Sophie Deraspe et Luc Dionne.
L’élément déclencheur du mécontentement est la proportion du budget de la SODEC consacrée à la production de longs et moyens métrages documentaires pour l’exercice financier 2020-2021. Le mépris s’exprime par un pourcentage : 3,4 %, énonce la lettre. Dix-sept productions se [sont] partagé la famélique somme de 1 407 500 $.
Si la mission de la SODEC est de "soutenir les entreprises culturelles québécoises", force est de constater qu’elle ne la remplit pas à l’égard des compagnies de production documentaires, est-il aussi écrit dans la lettre.
Dans un communiqué émis mardi, la SODEC a affirmé qu’elle devait initialement investir 2,19 millions de dollars, et non 1,4 million de dollars, pour la période 2020-2021. Elle explique cet écart par l’incapacité de certaines productions de compléter leur financement – seuls les montants versés à des projets ayant pu compléter leur financement sont comptabilisés dans le rapport annuel de la SODEC – et par la pandémie qui a forcé la mise sur pause de plusieurs projets qui devaient être tournés au cours de l’année.
La SODEC met également en avant le fait qu’elle a augmenté de 53 % son plafond d'investissement pour un documentaire depuis 2019.