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Fillette de Granby : « inacceptable » et « à vous d’en décider », plaide la Couronne
Radio-Canada
Les plaidoiries se poursuivent mardi au palais de justice de Trois-Rivières au procès de la belle-mère de la fillette de Granby. Le procureur de la Couronne, Me Jean-Sébastien Bussières, estime que la mort de l’enfant dans les circonstances qui ont été révélées est « inacceptable » et rappelle aux jurés qu’à compter de mercredi, ce sera à eux de décider si l’accusée doit être reconnue coupable ou non d’avoir provoqué la mort de la fillette en l’enroulant de ruban adhésif.
Aussi choquant que ça puisse être, il faut tenir un procès dans le respect des règles de droit et ne pas se laisser emporter par l’émotivité. Malgré le caractère difficile de la preuve présentée, vous êtes demeurés alertes et sereins. Merci, lance d’entrée de jeu le procureur qui martèle depuis les points forts de la preuve présentée par le ministère public.
Selon lui, le jury n’aura pas à délibérer très longtemps sur l’accusation de séquestration.
À la simple lumière du témoignage de l’accusée, demandez-vous si aller chercher une tête de lit pour former une barricade s’inscrit dans la séquestration, […] tenir les jambes de l’enfant pendant que quelqu’un place du ruban adhésif une première fois (ce que l’accusée prétend), est-ce que cela s’inscrit dans une séquestration? […] Est-ce qu’utiliser une poignée de porte qui se barre par le corridor, demandez-vous si cela s’inscrit dans une séquestration?
Il rappelle qu’il faut considérer la preuve dans son ensemble. Les témoignages, les photos et les admissions de l’accusée devraient permettre au jury de compléter leur casse-tête.
Dans la nuit du 28 avril, l’accusée a restreint les mouvements de l’enfant à l’aide d’une chemise, d’une tuque et de ruban adhésif. Une fois enroulée, elle (l’enfant) est laissée sur le plancher de sa chambre. Le lendemain matin, exaspérée de devoir composer avec cet enfant qui crie et tente de retrouver sa liberté, l’accusée ira plus d’une fois ajouter des couches de ruban adhésif. Elle va cette fois l’attacher bien comme il faut, plaçant du ruban dans toutes les directions incluant le nez et la bouche causant son décès. […] Quelle importance le ruban a-t-il eue dans sa mort?
Le procureur de la Couronne remet en doute la crédibilité de la consultante en pathologie embauchée par la défense, une experte qui rappelle-t-il n’a pas pratiquée d’autopsie sur un corps depuis six ans et qui base son analyse uniquement sur le rapport de la docteure Caroline Tanguay.
La poursuite soutient également que l’enfant est morte de suffocation en raison de la présence de ruban sur le nez et la bouche, comme rapporté par un autre enfant qui habitait la maison. La défense estime plutôt que c’est la compression du ruban qui aura provoqué une asphyxie mécanique.
L’accusée a dit ne pas avoir trop serré le ruban, est-ce que ça va dans le sens d’une suffocation mécanique ? Est-ce que le fait que l’enfant était debout lorsque le ruban a été enroulé est compatible? Elle devait se débattre. Cet enfant ne voulait pas se faire enrouler dans du ruban, c’est ma compréhension personnelle. Est-ce que ça peut donc avoir été serré suffisamment pour entraîner une asphyxie mécanique? Posez-vous cette question.