
Festival de jazz : des voix, de l’amour et des marées de monde
Radio-Canada
N’importe quel photographe ayant pris un cliché depuis la grande scène de la place des Festivals en direction Sud, jeudi ou vendredi soir, a eu droit au même résultat : une marée de gens à perte de vue.
Si les formidables Francos nous ont permis de revivre à fond l’expérience musicale en festival il y a deux semaines, les deux premières soirées du Festival international de jazz de Montréal viennent d’annoncer la couleur : le plus gros et le plus prestigieux festival de la métropole, à sa 42e présentation, va attirer des milliers d’amateurs jusqu’au week-end prochain.
Jeune artiste australienne champ gauche multi-instrumentiste (Tash Sultana) éminemment contemporaine ou chanteuse britannique grand public (Corinne Bailey Rae), le résultat était le même : l’appétit musical – et social, aussi – des gens ne semble pas avoir de limite cet été.
Parcours de deux soirées où le plus ardu a été de ne pas se faire marcher sur les pieds.
Dire de Gregory Porter qu’il est un chanteur, ça va de soi. Mais dire que l’on va voir un chanteur quand on assiste à un concert de Gregory Porter serait complètement réducteur. Pour son retour au Festival de jazz, vendredi, l’Américain avait droit à la meilleure salle (Maison symphonique) pour briller et il a démontré qu’il était intouchable.
Rares sont les chanteurs ayant une voix comme celle de Porter : à peine moins grave que Barry White, flexible comme celle d’un Marvin Gaye, puissante comme un chanteur d’opéra et feutrée comme un siège bien capitonné. Porter peut s’exprimer sur des compositions vocales qui affichent des influences allant de la soul au gospel en passant par le jazz.
D’entrée de jeu, Holding On a épousé presque tous ces genres en plus d’être matinée d’un solo de saxophone jazz pur jus et d’une finale opératique. La pimpante On My Way to Harlem, pour sa part, a été colorée d’un étourdissant solo de trompette saveur hard bop. Les six musiciens qui accompagnent Porter, n’en doutez pas, sont de très, très haut niveau.
Si l’amour est surestimé, je vais en prendre encore plus , a noté Porter avant d’interpréter If Love Is Overrated d’une voix grave et avec un accompagnement presque discret. Il a ensuite évoqué sa jeunesse et l’habitude dans les églises du Sud de faire des chansons d’une durée de… 45 minutes, tout en tapant dans les mains.
Je ne vais pas vous demander ça. Après la COVID, on est tous un peu en méforme. Mais pour quatre minutes?