Femmes symphoniques : le métier de chef d’orchestre au féminin
Radio-Canada
En cette Journée internationale des droits des femmes, ICI ARTV propose un documentaire retraçant le parcours de trois cheffes d’orchestres canadiennes qui se sont frayé un chemin au sommet de la hiérarchie du monde de la musique classique. Un poste qui, jusqu’à tout récemment, était presque exclusivement occupé par des hommes.
Dina Gilbert, la directrice musicale et cheffe de l’Orchestre symphonique de Kamloops et des Grands Ballets Canadiens de Montréal, Mélanie Léonard, la directrice musicale et cheffe d’orchestre de l’Orchestre symphonique du Nouveau-Brunswick et de l’Orchestre symphonique de Sudbury, et Naomi Woo, la cheffe adjointe de l’Orchestre Symphonique de Winnipeg, sont les vedettes de Femmes symphoniques, réalisé par Patricia Beaulieu.
Le film de 60 minutes compte aussi sur la participation des chefs d’orchestre québécois Yannick Nézet-Séguin et Jean-François Rivest, ainsi que de l’animatrice Marie-Christine Trottier, qui présente les concerts classiques à l’émission Toute une musique.
Pour Dina Gilbert, son ascension dans ce milieu traditionnellement masculin – 95 % des orchestres dans le monde sont dirigés par des hommes – a été facilitée par des pionnières de l’ombre comme Ethel Stark, qui a dirigé la Symphonie féminine de Montréal, le premier orchestre symphonique féminin créé au Canada.
Il y a plusieurs modèles de femmes cheffes d’orchestres, dit Dana Gilbert. On essaie souvent de nous cadrer dans le même genre de stéréotype. Mais on a chacune notre personnalité, notre authenticité, ce qui fait en sorte qu’on travaille de manière différente avec les orchestres.
Selon Naomi Woo, la lutte pour l’égalité dans le club très sélect de la direction d’orchestre passe par une démonstration véhémente de sa propre passion pour cette profession fort prestigieuse. Mon travail c’est pas d’être une femme, c’est d’être une chef d’orchestre, dit-elle.
Mélanie Léonard abonde dans le même sens. Je pense qu’il y a encore des combats à mener. Par contre, j’ai envie de parler de musique, j’ai envie de partager avec les gens au sujet de ma passion, pas au sujet d’être une femme.
La féminisation progressive du poste de chef d’orchestre a pour effet d’exhumer les notions conservatrices régissant les oppositions entre les sexes. Il était de coutume de présumer que des musiciens et musiciennes devaient être dirigés par quelqu’un d’autoritaire, par conséquent un homme. Les femmes, disait-on, étaient trop fragiles pour occuper une fonction nécessitant l’imposition d’une discipline de fer.
L'ère des chefs tyrans est révolue, se réjouit Dina Gilbert. Le leadership n’est plus associé à l’autocratie artistique, mais plutôt à un esprit de collégialité selon elle.