Femme, je te tue : Ingrid Falaise se penche sur la tragédie des féminicides
Radio-Canada
La chaîne Investigation présentera, dès mardi soir, la série documentaire Femme, je te tue, réalisée par l’actrice et documentariste Ingrid Falaise. Avec l’aide de Sarah Bernard, recherchiste spécialisée en affaires criminelles, elle fait la lumière sur huit féminicides ayant marqué le Québec, ainsi que sur les répercussions de ces meurtres sur l’entourage de ces femmes parties trop tôt.
En 2020, une femme a été tuée tous les deux jours et demi au Canada. Et au Québec, il y a eu 18 fémincides l’an dernier. La nouvelle série documentaire d’Ingrid Falaise cherche à examiner l’engrenage derrière cette violence, en se penchant sur huit féminicides perpétrés dans la province, récemment ou par le passé.
La série retrace les circonstances ayant mené aux destins tragiques de Clémence Beaulieu-Patry, Marylène Lévesque, Sonia Raymond, Francine Bissonnette, Jaël Cantin, Josiane Arguin, Véronique Barbe et Milia Abrar, victime d’un féminicide perpétré en 1998 et toujours non résolu 20 ans plus tard.
C’est Bell et [la société de production] Anémone Films qui m’ont demandé de porter cette série. Évidemment, je ne pouvais pas dire non, parce que j’avais moi aussi ce sentiment de devoir, la mission de mettre en lumière tous les différents angles des féminicides, explique Ingrid Falaise, jointe au téléphone.
Avec un sujet aussi délicat, les faits sont d’une importance capitale. C’est pourquoi Ingrid Falaise s’est entourée de la recherchiste Sarah Bernard, en plus de consulter les autorités, la police, les enquêteurs, ainsi que des avocats qui sont passés à travers tout le documentaire.
Ingrid Falaise affirme que le choix des histoires traitées dans la série documentaire a été déchirant, considérant le nombre de féminicides dans l’histoire de la province. C’est une horreur de dire ça, mais on aurait facilement pu faire deux saisons, tellement il y a eu de cas.
La documentariste et son équipe ont fait leurs choix avec l’idée en tête de couvrir tous les angles liés à cet enjeu, qui ne concerne pas que les conjoints violents. Ce n’est pas que de la violence conjugale. On parle d’exploitation sexuelle, d’agression sexuelle, de misogynie pure et simple et de crimes d’honneur, par exemple. Il y a plusieurs angles, affirme-t-elle.
Le seul point commun que [les meurtriers ont], à travers la série, c’est qu’ils s’octroient le droit de tuer des femmes parce qu’elles sont femmes, tout simplement.
Ingrid Falaise insiste aussi pour ne pas détourner la question des féminicides en évoquant la détresse psychologique des hommes, qui n’est pas nécessairement caractéristique du passage à l’acte, selon les spécialistes consultés pour la série.