Faut-il boycotter culturellement la Russie?
Radio-Canada
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, des artistes russes, comme Valery Gergiev ou Anna Netrebko, sont devenus persona non grata et d’autres, dont Alexander Malofeev, ont vu leurs spectacles ou leurs films déprogrammés en Occident. Si la condamnation de cette guerre est unanime, le boycottage culturel de la Russie suscite des avis partagés au sein des festivals et institutions culturelles québécoises.
Le Festival du film de l’Outaouais ne se déroule qu’en juin, mais il a déjà exclu les trois films russes sélectionnés : Sur les frontières lointaines, de Maxim Dashkin; À résidence, d’Aleksey German Jr. et La fièvre de Petrov, de Kirill Serebrennikov. À la place, il projettera le long métrage Donbass, réalisé par l’Ukrainien Sergueï Loznitsa.
Une décision en soutien à l’Ukraine qui sonne comme une évidence pour Didier Farré, fondateur et directeur de ce festival. Je suis un fervent des réalisateurs russes, mais je ne peux pas laisser passer une agression comme celle de Poutine sur l’Ukraine. Je suis sidéré.
Celui qui est également propriétaire du cinéma 9, à Gatineau, songe même à ne plus mettre à l’affiche de films mettant en vedette Gérard Depardieu, un ami de Poutine, si l’acteur ne change pas sa position.
En plus d’envoyer un message fort d’opposition à la guerre menée par la Russie et de soutien au peuple ukrainien, la mise à l’écart des artistes ou productions russes s’explique aussi par une volonté de mettre une pression économique sur la Russie, la culture étant aussi une industrie.
Le Conseil des Arts du Canada (CAC) a décidé de geler le financement d’activités impliquant la participation d’artistes ou d’organisations culturelles de Russie ou de Biélorussie. Nous voulons nous assurer que les fonds publics canadiens n’appuient pas les économies russe et bélarussienne, prolongeant ainsi l’invasion de l’Ukraine, a expliqué le CAC sur son site.
La programmation du festival Regard, qui se déroulera du 23 au 27 mars à Chicoutimi, comprend une œuvre russe : le film d’animation pour enfants My Friend Tiger, de Tatiana Kiseleva. Le festival de court-métrage a décidé de maintenir la projection de ce film.
On s’est posé la question, reconnaît Mélissa Bouchard, la directrice de la programmation. Mais c’est un film tellement mignon et plein de candeur. Et je pense qu’on ne doit pas faire payer les cinéastes russes pour ce qu’il se passe, les décisions du gouvernement russe ne sont pas les leurs.
C’est certain que si le film avait eu certains propos sur la Russie, on aurait fait les choses autrement.