Face à l’Ukraine, le jeu trouble de Pékin
Radio-Canada
La Chine est-elle résolument du côté de Moscou dans la guerre d’Ukraine? Beaucoup se posent la question, et c’est ce qu’on semble craindre aujourd’hui à Washington.
Selon des informations publiées le 13 mars par le New York Times, volontairement coulées par les services de renseignement américains, Moscou, qui a déclenché une guerre plus coûteuse et plus meurtrière que prévu, aurait adressé à la Chine une demande d’assistance militaire.
Une rencontre de haut niveau a eu lieu le 14 mars à Rome, entre le conseiller américain à la Sécurité nationale Jake Sullivan et le directeur de la commission des Affaires étrangères chinoise Yang Jiechi, un des deux ou trois principaux personnages de la politique étrangère chinoise.
Les deux hommes ont passé sept heures ensemble. La partie américaine a averti la partie chinoise : Tout type de soutien à Moscou – militaire ou économique – aura des conséquences.Nous ne laisserons aucun pays compenser les pertes subies par la Russie en raison des sanctions occidentales.
La Chine a-t-elle donc commencé à s’impliquer aux côtés de la Russie dans son invasion de l’Ukraine? Pour ce qui est des motivations et des revendications de Moscou, l’alignement et le soutien verbal de Pékin est assez clair : La Chine reconnaît les justes préoccupations russes en matière de sécurité, et elle s'oppose au recours à des sanctions pour résoudre des problèmes, surtout des sanctions unilatérales sans fondement en droit international.
Mais pour ce qui est d’une aide concrète, matérielle – transferts financiers, livraison d’armes – à la Russie en guerre, ou d’une approbation de sa stratégie d’invasion, c’est une autre histoire.
Les deux pays coopèrent militairement. Il y a des exercices communs assez fréquents, par exemple en août dernier dans le nord-est de la Chine (10 000 soldats). En revanche, en temps normal, les flux de matériel militaire entre ces deux pays – destroyers, avions de chasse – semblent aller surtout de la Russie vers la Chine, et non l’inverse.
Depuis des décennies, la Russie vend des navires-destroyers et des avions de chasse Soukhoï à la Chine. Une demande de fourniture d’équipements allant dans l’autre sens peut aujourd’hui être vue comme un signal de détresse venant de Moscou.
On peut noter que la rumeur (ou l’information) du New York Times a été niée avec véhémence, tant à Pékin qu’à Moscou, qui ont crié à la désinformation en des termes presque identiques. Ici, on peut dire au moins qu’il y a une très bonne coordination de la communication publique de ces deux pays face au reste du monde!