
Exporter des porcs aux États-Unis pour éviter de réduire la production?
Radio-Canada
Un regroupement d’éleveurs de porcs indépendants propose d’exporter 350 000 bêtes par année aux États-Unis le temps que le Québec retrouve sa capacité d’abattage. Cette solution temporaire permettrait selon eux de maintenir la capacité de production de la filière porcine de la province tout en assurant la survie de dizaines d’entreprises familiales.
L’industrie porcine québécoise continue d’être à la recherche de solutions pour ajuster sa production aux capacités d’abattage, qui demeurent nettement insuffisantes. La situation ne fera qu’empirer avec la fermeture annoncée de l’usine de transformation d’Olymel à Vallée-Jonction.
Plus tôt ce printemps, le syndicat des Éleveurs de porcs du Québec a annoncé la mise sur pied d’un programme de retrait volontaire visant à réduire de 1,1 million le nombre de bêtes produites annuellement dans la province.
Doté d’une enveloppe de 80 millions de dollars, le programme vise à compenser des éleveurs qui accepteraient de cesser leur production durant un certain temps.
Le président de la Ferme Via Porc, Cécilien Berthiaume, propose une autre option à cette réduction du cheptel québécois. Il serait à son avis possible de maintenir les activités de production de dizaines d’entreprises familiales jusqu'à ce que la filière de l’abattage retrouve sa vitesse de croisière en exportant 350 000 porcs annuellement au sud de la frontière.
C'est une question d'évaluation économique. C'est quoi, l'impact de ce million de porcs? On est capable de les produire au Québec, on les a déjà. Si vous enlevez les fermes complètement, c'est un write-off, ce n'est pas juste une perte. C’est une perte incroyable, a déclaré M. Berthiaume, jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse à Saint-Elzéar, en Beauce.
« Le programme de retrait des volumes de porcs entraînera, s'il est adapté tel quel, une décroissance rapide de la production au détriment de dizaines d'entreprises familiales. »
L’instigateur du regroupement d’éleveurs indépendants estime que le projet d’exportation coûterait à l’industrie porcine québécoise 10,5 millions de dollars par année. Si on rapporte ce montant au nombre total de bêtes dans la province, soit 6,5 millions, cela revient à 1,61 $ par animal. En comparaison, le programme de retrait volontaire représente une dépense de 2,85 $ par tête.
Il ajoute que pour chaque bête vendue aux États-Unis, les producteurs toucheraient entre 15 et 20 $ de plus que s’ils l’écoulaient sur le marché québécois.