Exportation d’électricité d’Hydro-Québec : le projet de New York est-il à risque?
Radio-Canada
NEW YORK – En avril, Hydro-Québec recevait le feu vert pour son deuxième grand projet d'exportation d'électricité aux États-Unis : la Champlain Hudson Power Express (CHPE) dans l’État de New York. S'il n'est pas à l'abri des opposants comme dans le Maine, l'acceptabilité sociale de ce projet est tout autre, à commencer dans les quartiers défavorisés de la Grosse Pomme.
Dans l’arrondissement Queens, face à Manhattan de l’autre côté de l’East River, une centrale électrique s’impose avec ses quatre gigantesques cheminées rouges et blanches. La dénommée Big Allis, qui fonctionne au gaz naturel et au mazout, fournit plus de 20 % de l’électricité à la plus grande ville des États-Unis.
La centrale et d’autres plus petites à proximité crachent en période de pointe de nombreux gaz toxiques pour alimenter les gratte-ciel, si bien que les New-Yorkais appellent ce secteur l’Asthma Alley, ou le corridor de l’asthme.
L’organisateur communautaire Louie P. Sosa a rencontré Radio-Canada dans l'épicentre de ce corridor, au carrefour de nombreux logements sociaux. C'est ici qu'il a grandi avec sa mère et sa sœur qui ont souffert d'asthme.
Il reçoit comme une bouffée d'air frais la mise en service d'ici 2026 de la CHPE. Les 1250 mégawatts d'hydroélectricité québécoise pourront répondre jusqu’à 20 % des besoins d’électricité de New York.
Ce projet donne un coup de pouce pour amener de l'énergie verte à New York, soutient M. Sosa, et beaucoup d'espoir. L’espoir que les centrales polluantes fermeront.
La ligne souterraine de 603 kilomètres et de 6,8 milliards de dollars, en partie enfouie sous le lac Champlain, partira du poste Hertel d'Hydro-Québec à La Prairie, en Montérégie, et se connectera au réseau de distribution dans le Queens. Transmission Developers Inc., détenue principalement par Blackstone, est le partenaire américain de la société d’État dans cette aventure.
Le projet est colossal, mais nécessaire, selon Julie Tighe, présidente de la New York League of Conservation Voters. Nous avons une loi sur le climat qui nous oblige à passer à 70 % d'énergie propre d'ici 2030, explique-t-elle. Présentement, 85 % de l’électricité est produite à partir de combustibles fossiles.
Si elle ne peut dire avec certitude que les centrales polluantes cesseront leurs activités, elle se dit convaincue qu'elles seront des moins en moins utilisées avec l’énergie propre à recevoir.