Explosion à Beyrouth : le juge veut l’arrestation immédiate d’un ex-ministre
Radio-Canada
Le juge d'instruction libanais Tareq Bitar a repris son enquête sur l'explosion au port de Beyrouth, obstruée par des ingérences politiques, et a demandé vendredi l'arrestation immédiate d'un ancien ministre qui refuse d'être interrogé, selon une source judiciaire.
L'enquête sur la gigantesque explosion du 4 août 2020, qui a fait plus de 200 morts, a repris mercredi après plusieurs semaines de pause en raison de poursuites judiciaires contre M. Bitar lancées par des personnalités politiques visées par son enquête.
La justice a rejeté ces poursuites, permettant ainsi au juge de reprendre son travail.
Montrées du doigt pour négligence criminelle, les autorités sont accusées par les familles des victimes et des ONG d'ingérence politique pour torpiller l'enquête et éviter des inculpations.
M. Bitar a de nouveau lancé un mandat d'arrêt contre l'ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil, bras droit du président du Parlement Nabih Berri, a indiqué à l'Agence France-PresseAFP une source judiciaire sous couvert d'anonymat.
Le juge a demandé aux services de sécurité son application immédiate, a ajouté cette source.
Il semble cependant improbable que le mandat d'arrêt soit mis en œuvre, car le directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI) Imad Osman avait déjà refusé en octobre d'appliquer cette décision.
« Le refus d'un appareil de sécurité d'exécuter un mandat d'arrêt constitue un dangereux précédent. »
Dans un pays où les dirigeants politiques déterminent les nominations judiciaires, y compris dans les plus hautes juridictions, la marge de manœuvre de la justice est réduite.