Exploitation du lithium : maximiser les retombées tout en protégeant l’environnement
Radio-Canada
Deux projets miniers sont en développement dans la région d’Amos : la relance de Lithium Amérique du Nord à La Corne et le projet Authier Lithium, toujours au stade de l’évaluation environnementale, à La Motte. Leur propriétaire, Sayona, s’est engagé auprès du gouvernement à faire la deuxième transformation du lithium au Québec dès 2025.
Pour le préfet de la MRC Abitibi, Sébastien D’Astous, il est primordial que cette deuxième transformation se fasse sur son territoire.
Pour nous, on est un chef-lieu intéressant. Le minéral est sur notre site, alors on souhaite qu'il y ait des retombées économiques, de la deuxième et de la troisième transformation. En fait, on veut qu’il y ait le plus de transformation possible chez nous pour qu’on puisse ne pas être juste une région de ressources qui s’en vont à l’extérieur pour être traitées. On veut vraiment que les retombées soient chez nous. C’est quelque chose qu’on va marteler dans les prochains mois, affirme-t-il.
Le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie du Centre-Abitibi et président de l’Institut canadien des mines (ICM) section Amos, Robert Cloutier, abonde dans le même sens. Il voit aussi d’un bon œil que la région se positionne avantageusement dans la filière lithium, dont Québec fait la promotion.
L’Abitibi pourrait grandement contribuer à la solution pour la diminution des gaz à effet de serre, c’est certain. Non seulement ça, ces projets-là, au bout du compte, vont aider à structurer encore plus la région et permettre de développer la deuxième et la troisième transformation. Ça va amener plus de savoir, aider à développer nos écoles, nos universités. Au niveau socio-économique, c’est gagnant, croit-il.
Rodrigue Turgeon, co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine et avocat en environnement, émet toutefois plusieurs bémols sur l’exploitation du lithium dans la région.
D’abord, il est de ceux qui croient que puisqu’ils sont interreliés, les projets de Sayona, en incluant celui de Tansim au Témiscamingue, doivent faire l’objet d’une évaluation environnementale globale.
Sayona souhaite relancer le projet à La Corne, mais il n’est pas trop tard pour le gouvernement d’exiger que l’ensemble des impacts sur ces différents projets, finalement sur ce grand projet global, soient considérés au même moment avant la relance des activités. Ce qui est craint, c’est qu’une fois le projet commencé, la compagnie utilise un argument économique pour forcer la main du gouvernement à autoriser l’exploitation d’autres gisements dans le futur, fait-il valoir.
S’il reconnaît le rôle que peut jouer le lithium dans la transition énergétique via l’électrification des transports, il croit qu’il faut aussi prendre en compte les impacts de son extraction, surtout quand les gisements sont situés à proximité d’eskers ou de moraines, qu’il faut protéger à tout prix.