Et si Trump n’était pas le candidat républicain en 2024?
Radio-Canada
Autrefois victorieux des primaires républicaines grâce à ses tactiques efficaces de mépris et d'humiliation de ses opposants et surtout vainqueur face à Hillary Clinton en 2016, Donald Trump n’est plus le roi Midas de jadis qui transformait en or tout ce qu’il touchait.
Les primaires républicaines qui vont bon train cet été démontrent que Trump a réussi à faire battre des candidats de l’establishment du Parti républicain en plaçant ses pions qui véhiculent sa théorie complètement loufoque de l'élection de 2020 volée par une fraude massive. Les victoires de candidats pro-Trump et pro-Grand Mensonge (The Big Lie) ont secoué certains États cette semaine comme l’Arizona ou le Michigan.
Mais dans les États de la Georgie, l’Idaho et les deux Carolines, c’est une autre histoire. Des poulains trumpistes se sont fait évincer de l’investiture par des candidats plus modérés et, dans certains cas, davantage éligibles.
La tendance est évidente cet été si l’on regarde un peu Fox News, son réseau autrefois favori. Autrefois, car depuis quelques mois, le réseau de Rupert Murdoch semble le lâcher petit à petit. Beaucoup plus rares sont ses apparitions à l’émission matinale Fox and Friends. Il s'est même fâché alors que son émission préférée parlait d’un sondage où son présumé rival principal, Ron DeSantis, gouverneur de la Floride, semblait gagner la faveur des électeurs républicains.
Privé de réseaux sociaux à grande échelle comme Twitter et Facebook, Trump est relégué à sa plateforme Truth, qui est un flop commercial auquel il ne croit pas trop lui-même, car il y publie rarement des statuts. Pour véhiculer ses propos truffés de demi-vérités, de chiffres imaginaires et du mensonge avéré du mythe de l’élection volée, il ne lui reste alors que les petits réseaux d’extrême droite comme OAN, Newsmax ou RSBN qui lui sont entièrement dévolus et qui, petit à petit, sont retirés des listes de chaînes diffusées par les câblodistributeurs ou les plateformes Internet.
Quant aux journaux comme le Wall Street Journal et le New York Post, eux aussi détenus par Murdoch, de récents éditoriaux peu flatteurs pour l’ancien président ont enraciné le fait qu’il ne fait plus recette comme avant.
Bien sûr, ses disciples MAGA qui participent à ses rassemblements populaires aux foules bien moins importantes qu’à son époque présidentielle sont persuadés que leur maître fait le plein d’électeurs. La seule chose dont il fait le plein, c’est de l’argent que ses généreux petits donateurs continuent de lui envoyer fidèlement, garnissant ainsi les coffres du président défait en 2020.
En focalisant tous ses efforts sur le fameux Grand Mensonge de l'élection volée, Trump ne va pas chercher les nombreux électeurs républicains qui sont, premièrement, passés à autre chose et, deuxièmement, bien plus intéressés à voter pour des solutions visant à faire face à l’inflation, à réformer l’immigration ou à réduire la taille des dépenses gouvernementales.
Et puis, il ne faut pas oublier les révélations de l’enquête sur l’insurrection du 6 janvier 2021 qui pointent de plus en plus vers l’implication et l’incitation de Trump dans cet événement peu glorieux de l’histoire américaine. Même s’il n’était pas traduit en justice, cela n’effacera pas le dommage réputationnel aux yeux de certains républicains.