Et si le Québec créait le ministère de la Solitude?
Radio-Canada
Les données sont révélatrices : selon des chiffres de l’Institut du Québec, ce sont les 15 à 34 ans qui disaient éprouver le plus de solitude, dans une enquête de 2020-2021, en plein cœur de la pandémie.
Du côté de Statistique Canada, les chiffres montrent que c’est près d’un jeune sur quatre, âgé de 15 à 24 ans, qui dit se sentir toujours ou souvent seul.
À l’Institut universitaire Jeunes en difficulté, cette vague de solitude chez les jeunes a été constatée. Quand les jeunes sortent notamment de la DPJ pour devenir indépendants, la solitude fait partie des défis qui sont cités de façon récurrente, explique Thomas Bazzarelli, criminologue à la DPJ et chercheur à l’Institut.
Mais la solution à la solitude, ce n’est pas plus de solitude. Ce serait trop facile. Donc, comment on peut faire pour, en amont, trouver des stratégies pour qu’un jeune développe son propre pouvoir d’agir, pour que la solitude devienne un espace d’introspection, plutôt qu’un espace anxiogène?
Récemment, le médecin en chef des États-Unis a sonné l’alarme. Vivek Murthy s’inquiète des conséquences de l’isolement des Américains et il affirme que la problématique est sous-estimée.
Beaucoup d’entre nous ressentent de la honte, quand nous parlons de notre solitude, dans notre société extravertie. Dire que vous êtes seul, c’est presque comme dire que vous n’êtes pas sympathique ni aimable, ou que vous avez quelque chose de problématique. Mais ce que nous savons maintenant, c’est qu’un adulte sur deux a des problèmes de solitude à un certain niveau, expliquait-il en entrevue à la télévision américaine.
Les recherches montrent que l’isolement ou le sentiment de solitude sont associés à des risques plus élevés de maladies cardiaques, d’hypertension ou même de diabète. Évidemment, il y a également des impacts sur la santé mentale, comme la dépression ou l’anxiété.
Ce qui est particulier de nos sociétés contemporaines, c’est qu’on assiste à l’éclosion de "foules solitaires", donc de sociétés massifiées, urbanisées, de plus en plus compactes, et où pourtant les gens disent, quand on les interroge, souffrir de ne pas avoir assez de relations sociales, explique le sociologue Jean-Philippe Warren, de l’Université Concordia.
« Plus les gens souffrent de la solitude, plus les maux sociaux vont augmenter. D’ailleurs, on fait souvent une comparaison entre le fléau du tabagisme et le fléau de la solitude. On parle même dans certains cas d’une "pandémie de solitude" qui affecte nos sociétés occidentales. »