Et si la Russie coupait l’approvisionnement de pétrole et de gaz à l’Europe?
Radio-Canada
Les sanctions imposées à la Russie pour son invasion de l’Ukraine pourraient pousser Moscou à riposter en limitant ou en stoppant carrément l'offre de pétrole et de gaz à l’Ouest. Mais la Russie pourrait payer cher ce geste, disent des experts.
Selon Anessa Kimball, professeure au département de science politique et directrice du Centre sur la sécurité internationale de l'Université Laval, si la Russie ralentit ou coupe l'approvisionnement du pétrole et du gaz vers l’Ouest, cette mesure sera vue comme une escalade qui vise à briser la cohésion des alliés.
La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole et le deuxième des grands exportateurs. Ses exportations d'environ 5 millions de barils par jour de pétrole brut représentent environ 12 % du commerce mondial, et ses 2,85 millions de barils par jour de produits pétroliers représentent environ 15 % du commerce mondial des produits raffinés.
C’est sûr que c’est un levier de pression qu’ils ont dans leur boîte à outils, dit Mme Kimball.
Selon Mark Manger, professeur au Munk School of Global Affairs & Public Policy de l'Université Toronto et codirecteur du Global Economic Policy Lab, pour tenter de comprendre ce que la Russie envisage de faire, il distinguer entre l’exportation de gaz et celle de pétrole russe.
Rappelons que les Européens (et particulièrement l’Allemagne, l’Italie, la Lituanie et la Hongrie) importent environ 40 % du gaz qu’ils consomment de la Russie.
Si l’Europe dépend fortement du gaz russe, cette exportation ne rapporte que 7 % du revenu brut de l’économie de la Russie. Cela pourrait être tentant pour la Russie de couper l’approvisionnement en gaz, car cela ne leur fera pas de mal s'ils perdent 7 % de la valeur des exportations, explique M. Manger.
C’est pourquoi la Russie songe à utiliser le gaz comme monnaie d’échange pour rééquilibrer la situation, ajoute Mme Kimball.
Mais puisque l’impact financier sur la Russie ne serait pas significatif, l’Europe peut difficilement menacer Moscou d’arrêter les importations de gaz.