Est-on vraiment protégé pendant 90 jours après une infection à la COVID-19?
Radio-Canada
Les autorités sanitaires affirment que les personnes infectées par le SRAS-CoV-2 sont protégées pour 90 jours. Mais des experts avertissent qu’il ne faut pas présumer qu’on est immunisé pendant si longtemps et que les réinfections sont possibles avant trois mois.
Les réinfections ne sont pas un phénomène nouveau, rappelle d’entrée de jeu Catherine Hankins, professeure en santé publique et en santé des populations à l'Université McGill et coprésidente du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19. On sait depuis très tôt dans la pandémie que ça existait, mais c’était relativement rare, surtout quand les virus qui réinfectaient étaient semblables.
L’arrivée d’Omicron est toutefois venue augmenter le nombre de réinfections. Selon les dernières données du Royaume-Uni, le risque de réinfection est désormais 10 fois plus élevé que lors des vagues causées par Delta.
Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialiste en réponses immunitaires et en virologie à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), précise que la diversité génétique d’Omicron fait en sorte qu’il réussit à échapper plus facilement à l'immunité conférée par une infection ou par la vaccination.
On ne sait pas vraiment si la période de 90 jours tient toujours dans le cas du sous-variant BA.2, qui représente 75 % des cas de COVID-19 au pays. D’ailleurs, le dernier rapport (Nouvelle fenêtre) sur les réinfections de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) précise qu’il est trop tôt pour tirer des conclusions. C’est encore un variant assez nouveau et on ne comprend pas tout encore, rappelle M. Lamarre.
De plus, la quantité fulgurante d’infections au cours des derniers mois contribue probablement à augmenter le nombre de réinfections, croit M. Lamarre.
« Plus il y a de cas, plus nos chances d’infection et de réinfection sont grandes. »
Au Royaume-Uni, les dernières données (Nouvelle fenêtre) montrent qu’à la mi-avril, près de 12 % des cas seraient des réinfections. Parmi les 900 000 cas de réinfection documentés au Royaume-Uni depuis le début de la pandémie, un peu plus de 10 000 personnes ont été réinfectées trois fois et seulement 100 l'ont été quatre fois.
La santé publique en France (Nouvelle fenêtre) considère que les réinfections par le SRAS-CoV-2 ne sont pas des événements rares, particulièrement dans un contexte de forte circulation du variant Omicron. Plus de 650 000 cas de réinfection par le SARS-CoV-2 ont été identifiés depuis le 6 décembre 2021 en France. Du 13 au 22 mars, 5,4 % de tous les cas étaient des réinfections.