Entre la dette, l’inflation et la pénurie de main-d’œuvre…
Radio-Canada
L’endettement, celui des individus comme celui de l’État, est probablement le grand oublié du discours du Trône présenté mardi à Ottawa. Pendant que la gouverneure générale énonçait les grandes priorités du gouvernement, un sous-gouverneur de la Banque du Canada prononçait un discours dans lequel il évoquait une possible correction dans le marché de l’immobilier, ce qui aurait un impact important sur les ménages endettés.
L’endettement, celui des individus comme celui de l’État, est probablement le grand oublié du discours du Trône présenté mardi à Ottawa. Pendant que la gouverneure générale énonçait les grandes priorités du gouvernement, un sous-gouverneur de la Banque du Canada prononçait un discours dans lequel il évoquait une possible correction dans le marché de l’immobilier, ce qui aurait un impact important sur les ménages endettés.
Il faut dire que le discours du Trône est un énoncé de grands principes et de larges intentions. N’empêche, le gouvernement a donné des indications relativement claires de sa stratégie pour lutter contre l’inflation, à son plus haut en 18 ans.
Justin Trudeau appuie sa stratégie pour contrer l’inflation sur deux piliers : les garderies à 10 $ et des soutiens pour aider les gens à accéder à la propriété. C’est bien, mais qu’en est-il des ménages qui se sont fortement endettés depuis deux ans et qui pourraient avoir du mal à respecter leurs obligations financières, une fois que les taux d’intérêt vont se mettre à remonter quelque part en 2022?
Selon la Banque du Canada, la part des nouveaux prêts hypothécaires – assurés et non assurés – qui représentent plus de 450 % du revenu du ménage, ce qui est considéré comme extrêmement élevé, est passée d’un peu moins de 15 % en 2019 à plus de 25 % aujourd’hui, avec une accélération depuis le début de la pandémie.
Dans un discours prononcé mardi dans le cadre d’un événement de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, Paul Beaudry, sous-gouverneur à la Banque du Canada, a expliqué clairement les risques qui pèsent sur le marché immobilier. L’arrivée soudaine de nouveaux investisseurs sur le marché du logement, a-t-il dit, a vraisemblablement contribué à la montée rapide des prix plus tôt cette année. Dans un cas comme celui-ci, les anticipations d’une hausse future de prix peuvent devenir autoréalisatrices, du moins pour un certain temps, ce qui peut accroître les chances qu’une correction se produise sur le marché.
Le mot correction a été prononcé par la Banque du Canada, ce qui soulève des préoccupations réelles sur l’état du marché de l’immobilier. Les conséquences peuvent toucher bien plus que les investisseurs, a déclaré Paul Beaudry. Il suffit de penser aux ménages, pour qui la richesse et l’accès à du crédit bon marché dépendent bien souvent de la valeur de leur habitation. Les prix des propriétés demeurent élevés et le risque de correction sur certains marchés est un enjeu que nous devons surveiller.
De quelle ampleur serait une correction dans le marché immobilier? Le dirigeant de la banque centrale n’a pas donné d’indicateur précis à ce sujet. Il est important de préciser que la Banque du Canada n’est pas en train de dire qu’elle s’attend à une correction. Néanmoins, les déséquilibres actuels dans le marché de l’habitation peuvent être inquiétants étant donné le niveau élevé de ménages fortement endettés.
Le surintendant des institutions financières du Canada, Peter Routledge, dans une allocution devant des comptables à Vancouver mardi, a dit, pour sa part, que le manque de logements contribue à la hausse de l’endettement. Il évoque un « déséquilibre persistant » entre l’offre et la demande qui tend à faire grimper les prix à des niveaux toujours plus élevés par rapport au revenu, ce qui incite davantage de Canadiens à s’endetter encore plus pour acheter une maison.