
Entre coups d’État et djihadistes, le Mali à la croisée des chemins
Radio-Canada
Que se passe-t-il au Mali, cet État du Sahel politiquement instable qui fait face, depuis plusieurs années, à des attaques répétées des djihadistes? Les groupes armés menacent de faire tomber Bamako et épuisent les forces internationales présentes dans la région, sur fond de crise politique entre les autorités de transition maliennes, issues de deux coups d'État successifs, et l’armée française, dont on ne veut plus dans ce pays.
Jeudi dernier, la France et ses partenaires ont officialisé leur retrait militaire du Mali après plus de huit ans de lutte contre les groupes armés, montrant du doigt les autorités maliennes pour leur manque de collaboration.
Mais outre les frictions entre Paris et Bamako, pourquoi peine-t-on à venir à bout des djihadistes dans cette partie de l’Afrique?
Le journaliste indépendant Akram Kharief, spécialisé en défense et en sécurité, qui dirige le site Menadefense, évoque un fossé ethnique, religieux et linguistique entre les populations du Nord et celles du Sud [dans la région].
« Depuis les indépendances, les populations du Nord se sont senties abandonnées et ont fini par se rebeller à partir de la fin des années 80. »
La rébellion est devenue plus organisée, ce qui a donné lieu à la grande révolte du Niger, avant d’aboutir à celle du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) dans le nord du Mali en 2012, mettant à rude épreuve l'armée malienne.
Mais durant cette révolte, fait remarquer M. Kharief, il y a eu incursion des djihadistes qui se sont installés dans le nord du pays. Ils y ont prospéré, entre autres grâce aux prises d’otages et à la contrebande. Ils sont devenus une force économique locale, bousculant même la gouvernance traditionnelle des Touaregs.
En 2012, la France a entrepris une intervention militaire formelle au Mali, qui s'est déclinée en plusieurs opérations, notamment Serval puis Barkhane.
Mais ces opérations militaires d’envergure censées sécuriser les principales villes du nord du pays n’ont pas permis à Bamako d’asseoir son autorité en matière de gouvernance. Des milliards de dollars ont été canalisés vers le Mali et ont disparu dans la nature, entre autres à cause de la corruption, ajoute Akram Kharief.