En Ukraine, « nous ne sommes pas encore morts »
Radio-Canada
La première phrase de l'hymne national ukrainien est « Nous ne sommes pas encore morts », nous lance William Taylor.
Cette phrase résume bien l'esprit ukrainien, affirme le diplomate américain de retour de Kiev. Selon lui, c'est un peuple qui va se battre et résister contre l'invasion russe, comme il l'a fait dans le passé.
« L'Ukraine a vécu des horreurs dans son histoire, une histoire de domination et d'oppression par la Russie. L'Holodomor est le meilleur exemple, cette grande famine qui a fait des millions de morts entre 1932 et 1933, qui avait été intentionnelle, et crée par Staline. »
William Taylor a été Ambassadeur en Ukraine à deux reprises, de 2006 à 2009 sous l'administration de George W. Bush, et de 2019 à 2020, sous Donald Trump. Il est aujourd'hui vice-président de l'Institut international de la paix aux États-Unis, où il s'occupe des enjeux russes et européens. Nous le rencontrons dans sa résidence à Arlington, en Virginie.
Azeb Wolde-Giorghis : Monsieur l'ambassadeur, tout d'abord, quelle est la stratégie des États-Unis sur la question de l'Ukraine?
William Taylor : Les États-Unis s'intéressent à l'Ukraine depuis son indépendance, il y a 30 ans. L' Ukraine a toujours été soutenue par les républicains et par les démocrates, quelle que soit l'administration à Washington. Depuis que la Russie a envahit l'Ukraine, la péninsule de Crimée et la région du Donbass, ce soutien a grandi.
La souveraineté des nations est un principe important pour les relations entre les pays : les accords d'Helsinki [sur la sécurité et la coopération en Europe] aident à garder la paix en Europe depuis 69 ans, soit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jusqu'en 2014. La paix est remise en question avec cette nouvelle menace d'invasion.
Question : Pourquoi les États-Unis veulent-ils reprendre ce rôle de gendarme du monde?
William Taylor : Le président Biden met l'accent sur les alliances. Nous sommes forts lorsque nous avons de fortes alliances. Il n'y a aucun doute que les États-Unis prennent les devants. Le président connait bien l'Ukraine, il y est allé à plusieurs reprises lorsqu'il était vice-président sous Obama, donc déjà c'est un pays qui l'intéresse.