En solo sur scène, Marc Messier opte pour la dureté du mental
Radio-Canada
CRITIQUE – En 50 ans de carrière, Marc Messier a toujours projeté l'image de l'artiste sympathique que tout le monde veut avoir comme voisin. Que ce soit pour son rôle de Réjean Pinard dans La Petite Vie ou lorsqu'il disait la phrase-culte « sacrament Suzie » dans la populaire émission Lance et compte, le comédien trouvait toujours une façon de se faire aimer.
Dans Seul...en scène, il a « le moral d'une Cadillac » (une citation tirée de Les Boys) et il affirme que c'est son ego qui l'a fait avancer dans la vie, mais qui l'a aussi fait reculer. Son nouveau spectacle autobiographique part de ce constat.
Avant de rencontrer son ego, Marc Messier jouait au hockey, il chantait mal Il était un petit navire et il allait à la chasse à l'écureuil. À l'âge de 12 ans, il a réussi à parler à la fille de Dieu (deux fois) qui voulait se faire appeler Francine. Laissons rêver les enfants, c'est le message du spectacle, dit-il.
Mais c'est finalement à 16 ans qu'il rencontre son ego dans la vitrine d'un magasin où l'attendait un ensemble pantalon-veston gris. Il allait enfin pouvoir devenir un homme et réaliser que le groupe vocal Les Platters est responsable de la bobette expansible lorsque joué lors d'une danse de couple lente.
Pendant près de 100 minutes, Marc Messier nous fait oublier qu'il est seul sur scène. Il crée des personnages avec brio, citons ses amis Jello, Lucky Pete et Cheese. Il incarne aussi le Frère André et il récite de la poésie (Charles Baudelaire) et des extraits de Hamlet (William Shakespeare).
Le comédien habite la scène avec comme seul artifice son immense talent qui se déploie véritablement lorsqu'il raconte ses débuts au théâtre où il empochait 90 dollars par semaine et où il pouvait se payer une chambre infestée de coquerelles sur la rue Laval, tout près du carré Saint-Louis. Son ego est flatté lorsqu'il obtient ses premiers rôles et qu'il goûte le doux parfum du succès.
Seul... en scène est aussi la chronique d'un baby-boomer qui a décidé de faire un spectacle parce qu'une amie psychologue dénommée Judith lui a suggéré. Il est question de sexe, de religion et d'argent parce qu'après tout avoir un stationnement privé à Montréal est l'œuvre d'une vie.
Il y a quelques blagues de mononcle dont celle des trois gars sur le Titanic, les deux références à Kevin Parent et il y a cette boutade : Tu peux bander toute ta vie si tu es bien entouré et entre de bonnes mains. Boom boom.
Le nouveau spectacle de Marc Messier prend tout son sens dans la deuxième partie où il reprend certaines répliques qui l'ont rendu célèbre. Les passages sur la vieillesse sont à la fois drôles et émouvants. Sa génération se retrouvera immanquablement dans ce spectacle. Même si l'effort est louable, la première partie de Seul...en scène aurait bénéficié de certains ajustements.